Les diamants de la Collection Al Thani au Grand Palais
Jusqu’au 5 juin 2017 à Paris, Le Grand Palais présente l’exposition « Joyaux ». Deux-cent-soixante-dix-neuf œuvres retracent cinq siècles de joaillerie en Inde depuis les Grands Moghols jusqu’à nos jours. L’exposition est dominée par une collection privée : deux cent cinquante-huit œuvres présentées appartiennent à la Collection du Sheikh Hamad bin Abdullah Al Thani. L’exposition est remarquablement mise en scène par bGc Studio qui a transformé l’immense Salon d’Honneur en un univers digne des contes des Mille et une nuits.
Sous l’égide d’Amina Taha-Hussein Okada, conservateur général au musée national des arts asiatiques -Guimet, et du Dr Amin Jaffer, conservateur en chef de la Collection Al Thani cette exposition met l’accent sur le dialogue nourri entre l’Inde et l’Europe depuis le XVIème siècle. Les premiers Européens à s’établir furent les Portugais, qui s’installèrent à Goa dès 1510. Ils engagèrent alors des échanges artistiques, techniques, et religieux avec la dynastie des Grands Moghols, comme en témoignent les œuvres des ateliers impériaux de l’empereur Akbar (1542-1605). De ces échanges naquit une influence réciproque, constante, qui culmina au début du XXème siècle, lorsque les Maharajahs venaient faire remonter leurs bijoux à l’Occidentale et que l’Europe se piquait d’exotisme oriental.
L’exposition s’ouvre sur les gemmes et les joyaux dynastiques du Trésor Moghol. Leur succèdent jades et objets en cristal de roche, objets en or et en émail, tous d’un raffinement artistique extrême. Les regalia et parures royales enflamment l’imagination : quelques instants, on se rêve Maharani – ou bien Sultan, Nizam, Nawab ou Maharajah! Les deux dernières sections font la part belle aux grands joailliers européens du XXème siècle, et en particulier à la maison Cartier. La dernière salle prouve, si besoin était, la forte identité de la création joaillière indienne, qui se poursuit magistralement aujourd’hui avec deux maîtres joailliers contemporains : le très renommé et mystérieux JAR et son alter ego basé à Mumbai, Viren Bhagat.
Le parcours de l’exposition est jalonné de centaines de diamants
Y figurent des diamants provenant d’Inde et d’Afrique du Sud « L’oeil du tigre », d’autres du Brésil, des diamants historiques tel « l’Agra » qui aurait appartenu à l’Empereur Babur (1483-1530) fondateur de la dynastie des Grands Moghols; des diamants à la couleur rare, au poids spectaculaire, à la pureté remarquable.
La diversité des formes et des tailles des diamants présentés offre également un panorama particulièrement intéressant des techniques lapidaires. Elle souligne les différences entre le goût européen pour la brillance, la symétrie, et le goût indien qui conserve à la gemme un maximum de poids.
La collection Al Thani dévoile le diamant sous toutes ses facettes. C’est pourquoi j’ai demandé au maître-diamantaire Eric Hamers de commenter certains des diamants sélectionnés pour cet article.
Les diamants de Golconde de la Collection Al Thani
Dès qu’on pénètre dans la pénombre du Salon d’Honneur, sept diamants exceptionnels, non montés, révèlent d’emblée la qualité de la collection Al Thani. Deux diamants sont de couleur rose : « L’Agra » et le « Diamant rose de Golconde » que j’ai eu l’occasion de mentionner dans un autre article. Seul, un diamant est bleu, bleu pâle : l’évocatoire et mystérieux « Oeil de l’idole » de 70,21 cts, qui aurait été arraché de la statue d’une divinité hindoue.
Quatre autres diamants sont incolores ; ainsi le ravissant « diamant taille portrait » daté de 1650-1700, qui recouvrait probablement un portrait miniature, et le très spectaculaire diamant rectangulaire à huit pans qu’est le « Miroir du Paradis ».
Enfin, deux diamants taillés en poire retiennent l’attention. « L’Etoile de Golconde » et « l’Arcot II ». Regardés trop rapidement, ils se ressemblent. Eric Hamers nous démontre le contraire : la façon dont ils ont été taillés diffère complètement au yeux du diamantaire.
« L’Etoile de Golconde »
Ce diamant de 57,31 carats, acheté en 2011 à Cartier, était présenté en pendentif sur une broche en platine, or blanc et diamants, caractéristique du style Cartier du début XXème, lors des expositions de la collection à New York et à Londres. L’Etoile de Golconde, comme le nomme la maison Cartier, n’est pas un diamant historique. Mais c’est un exemple de diamant remarquablement bien taillé.
Eric Hamers y voit une taille très originale, d’autant mieux réalisée qu’elle est extrêmement difficile à réussir. L’objectif d’un diamantaire est d’emprisonner la lumière, de la capturer dans ses tours et détours afin que le diamant puisse étinceler de tous ses feux. C’est le cas dans ce diamant, la lumière y est comme bloquée. Eric Hamers perçoit un micro-décalage : la culasse est plus couchée à droite qu’à gauche, la facette claire n’a pas tout à fait la même angulation que la facette ombre. La pierre suscite néanmoins toute l’admiration de cet œil expert.
L’Arcot II
Ce diamant est trois fois moins lourd que « l’Etoile de Golconde », son poids est 17,21 carats. C’est un diamant historique, daté de 1760 environ, et dont on connait les propriétaires successifs depuis deux-cent-cinquante ans. C’est un diamant qui provient des mines de Golconde. Pour Eric Hamers, c’est le jeu intrinsèque à la matière qui d’emblée atteste d’un Golconde. Ce diamant, qui relève du meilleur grade de couleur et de pureté, s’attire la critique du diamantaire quant à sa taille. La culasse est beaucoup trop importante, trop ouverte, et la lumière passe à travers la pierre quand elle doit y être retenue. Selon Eric Hamers, il suffirait de peu pour que la pierre révèle sa beauté, comme par exemple étoiler la culasse, la resserrer par un jeu de facettes qui emprisonnerait la lumière.
Mais cette pierre, si elle est imparfaite dans sa taille, a un atout majeur pour toucher celui qui l’observera : son côté historique.
L’histoire de ce diamant remonte à la fin du XVIIIème siècle et se poursuit jusqu’à nos jours. Au départ, il y avait deux diamants de taille poire : l’Arcot I qui pesait 33,7 ct et l’Arcot II, d’un poids de 23,65 ct, Ces diamants furent offerts par le Nawab d’Arcot, Muhammad Ali Wallajah (1717-1795) à la Reine Charlotte (1744-1818) en signe d’allégeance à la Couronne. La Reine Charlotte, épouse du roi George III d’Angleterre, était réputée pour sa passion des gemmes, diamants et perles en particulier comme en témoigne la gravure ci-dessous.
Avant sa mort, la Reine Charlotte avait souhaité que ces diamants soient vendus au profit de ses filles. Mais son fils le roi George IV (1762-1830) les fit monter sur sa couronne!
En 1837 ces deux diamants furent vendus aux enchères à Londres et acquis par Emanuel Brothers pour Robert Grosvenor, premier marquis de Westminster.
En 1930, à l’occasion du troisième mariage de Hugh Richard Grosvenor (1879-1953), deuxième Duc de Westminster avec Loelia Ponsonby (1902-1993), les deux diamants Arcot furent montés par sur la Tiare « Halo » par Lacloche joailliers.
La tiare fut ensuite transmise à Anne Grovesnor, quatrième épouse du duc, qui la porta lors du couronnement de la reine Elizabeth en 1953. La tiare réapparut le 25 juin 1959 à Londres chez Sotheby’s lors d’une vente commanditée par les exécuteurs testamentaires de feu le duc.
Harry Winston acquis le diadème pour un montant record de 110 000 £, fit démonter la pièce, retailler les pierres pour améliorer leur symétrie et enlever quelques rayures de surface, les portant à 31,01 carats et 18,85 carats respectivement, avant de les revendre séparément l’année suivante. L’Arcot I fut monté en pendentif sur un collier Van Cleef & Arpels qui fut mis aux enchères par Christie’s à Genève en novembre 1993. Quant à l’Arcot II, il entra dans la collection de la Baronne Stefania von Kories zu Goetzen, sous une forme légèrement retaillée (17,21 carats) puis en 2013 il rejoint la collection Al Thani.
Mise à jour du 18 juin 2019 : l’Arcot II figurait sous le lot numéro 98 dans la vente Maharajas & Mughal Magnificence orchestrée par Christie’s New-York ce 18 juin 2019. On ne sait encore qui en est l’heureux propriétaire.
Qu’en serait-il d’une nouvelle retaille?
Eric Hamers souligne que la valeur de cette pierre n’en serait pas amoindrie, au contraire. Son prix ne relève pas de son poids en carats mais du fait qu’il s’agit d’un diamant historique. L’aspect historique d’une pierre rend sa valeur inestimable.
Du bon usage des diamants par les Moghols et les Princes Indiens
La parure est un élément essentiel de la culture impériale et royale en Inde. Les bijoux ne servent pas seulement d’ornement, ils symbolisent le pouvoir, la richesse, le statut de celui qui les porte. Ainsi en est-il des diamants et des spinelles, pierres dynastiques par excellence.
Les gemmes sont aussi dotées d’une symbolique cosmique. Le diamant par exemple est associé à Vénus, le rubis au soleil, l’émeraude à Mercure… Les pierres sont également investies de qualités et de pouvoirs, comme l’enseignent les traités de gemmologie de l’Inde ancienne. Ainsi elles possèdent des vertus prophylactiques car elles protègent ceux qui les portent (l’émeraude en particulier qui symbolise par sa couleur l’Islam, la spiritualité, servait d’amulette protectrice contre l’épilepsie, le poison…). Sous un autre angle, les gemmes jouent un rôle apotropaïque en éloignant les dangers de tous genres (empoisonnements, démons, dragons et serpents).
Dans la hiérarchie des pierres précieuses, le diamant est donné pour joyau par excellence tant pour ses qualités optiques que pour sa force mystique. Pierre associée aux Brahmanes, le diamant est un talisman dont se sont ostentatoirement parés empereurs Moghols et Maharajahs.
Voici une sélection de quelques bijoux d’hommes, ornés de diamants anciens, qui présente des techniques traditionnelles de joaillerie indienne, des types de bijoux autres que ce que nous connaissons en Europe. Ces bijoux révèlent un goût et un style propre au sous-continent. Tous sont le reflet de la culture Indienne depuis le XVIème siècle.
La bague d’archer de Shah Jahan (1592- 1666)
Cette bague est remarquable sur plusieurs plans. Tout d’abord, c’est un bijou caractéristique des empereurs Moghols. Ces derniers étaient des conquérants rompus au tir à l’arc. Afin d’éviter de se blesser avec la corde lors du tir, ils avaient pour habitude de couvrir leur pouce d’une bague. De fonction utilitaire, cet objet a évolué jusqu’à devenir un symbole du pouvoir impérial que les empereurs portaient à leur ceinture. Bien souvent, ils en portaient plusieurs exemplaires, des modèles en jade -pierre associée à la victoire militaire – sont fréquents pour ce type de bijou.
Cette bague appartenait au Grand Moghol Shah Jahan, celui-là même qui fit construire le Taj-Mahal à Agra. Elle atteste aussi un autre moment historique : le sac de Delhi en 1739 par le roi persan Nadir Shah, sac qui accentua le déclin de l’Empire moghol. La bague fit partie du butin que Nadir Shah s’appropria : il l’offrit juste après comme cadeau diplomatique à la cour de Russie. Elle appartient désormais au Musée de l’Ermitage qui l’a exceptionnellement prêtée dans le cadre de l’exposition parisienne.
Enfin , cette bague porte en son centre un diamant de six carats précurseur de toutes les tailles plates. Elle éveille l’enthousiasme d’Eric Hamers, qui la qualifie de « merveilleuse »: « Ce diamant, qui n’a pas la prétention de jouer avec la lumière, fait ressentir d’instinct, au delà des cassures, une matière de substance quasi-divine. Ce diamant possède ce supplément d’âme si convoité. La culasse est proportionnée au bijou, elle n’est pas importante, sans quoi elle gênerait le passage du doigt. Cette bague est un objet historique qui ne saurait être retouché, et doit impérativement être conservé dans son état premier ».
Cette bague comporte une inscription intérieure en persan qui restera invisible du visiteur de cette exposition : Sahib qiran-i-thani, « le Second Maître de l’Heureuse conjonction ». C’est le titre que s’est choisi Shah Jahan, et que l’on retrouve sur maint autre objet lui ayant appartenu.
Le « JIGHA » ou ornement de turban du souverain moghol
Le turban caractérise le souverain indien, hindou ou musulman, empereur moghol ou maharajah. Le jigha est un ornement de turban qui était réservé exclusivement à l’empereur et dont la forme s’inspire d’une plume de héron – élément décoratif originel du turban.
Ce jigha représente une fleur épanouie dont les pétales et les feuilles sont ornés de diamants Polki. C’est-à-dire de diamants plats simplement polis ou de diamants taillés sans culasse, et dont le fond est plat. Les diamants sont sertis dans une feuille d’or selon la technique typiquement indienne du kundan. Le style floral est caractéristique de l’Empire Moghol et a atteint son acmé sous le règne de Shah Jahan : on le retrouve dans l’architecture, les textiles, les peintures, la vaisselle, les armes et bien entendu la joaillerie.
Quittant un instant les diamants exceptionnels présentés par l’exposition, ne manquez pas de jeter un coup d’œil au revers des objets présentés, la scénographie des joyaux en offre souvent la possibilité. Le verso de cet ornement de turban est entièrement émaillé, technique apparue au XVIème siècle et maintenue à ce jour dans la joaillerie traditionnelle indienne.
Le « SARPECH » ou ornement de turban du maharajah
Le sarpech est un ornement de turban qui était très en vogue sous le Raj Britannique. Pramod Kumar KG explique dans l’ouvrage publié à l’occasion de l’exposition que l’évolution des ornements de turban durant quatre siècles s’est faite par « adjonction successive d’éléments décoratifs sur une forme originelle qui demeure au fil du temps relativement inchangée ».
Il est amusant de constater que les diamants sont ici sertis dans des griffes et non pas selon la technique traditionnelle du kundan; l’influence européenne en cette fin de XIXème est prégnante.
Autre détail majeur : ce sarpech est orné de deux spinelles impériaux gravés « 12 Shah Jahan-i Jahangir Shah 1049 » (12 Shah Jahan (fils de) Jahangir Shah 1049) datés de 1639-1640. Ainsi, les Maharajahs prolongeaient dans le plus plus respect les traditions mogholes.
Le collier du Nizam d’Hyderabad
Le Nizam d’Hyderabad était le plus riche souverain de l’Inde; les mines de Golconde faisant partie de son Etat. Richesse et magnificence sont manifestes dans ce collier massivement décoré de diamants dont huit sont de forme triangulaire et pèsent chacun entre 10 et 15 carats.
La collection présente aussi une épée d’apparat tout aussi richement ornée ayant appartenu aux Nizams.
« Miroir, mon beau miroir » : le diamant dans la création contemporaine
Viren Bhagat, à la croisée de l’art moghol et de l’art déco
La Collection Al Thani présente douze pièces, toutes plus belles les unes que les autres, de ce joaillier indien, qui est exposé pour la première fois en France.
Viren Bhagat vit et travaille à Mumbai, qu’il persiste à appeler Bombay. C’est là que j’ai pu lui rendre visite et échanger avec lui sur son travail. Il a une idée très précise et organisée de son art. Il travaille tous les matins à dessiner différents modèles de bijoux, qu’il ait déjà une pierre de centre ou pas, et conserve tous ses dessins dans un tiroir de son bureau au sous-sol de sa boutique, un étroit local située dans le quartier de Kemps Corner, quartier des joailliers. Lorsqu’un dessin est sélectionné pour être réalisé, l’atelier des diamantaires et des joailliers s’applique à respecter parfaitement les proportions requises. Viren Bhagat travaille essentiellement la joaillerie blanche (platine -pour des montures quasi invisibles-, perles et diamants) excepté peut-être pour sa clientèle indienne qui n’hésite pas lors de grandes occasions à revêtir des parures richement ornées et colorées.
La griffe de Bhagat, ce sont des bijoux extrêmement raffinés, féminins, aisés à porter (j’ai testé, en particulier les boucles d’oreilles qui ne sont jamais trop lourdes!) et qui font toujours référence à la joaillerie moghole, à l’Inde et à l’Art déco tel que Cartier l’interprétait dans les années 1920-1930. Viren Bhagat travaille uniquement avec les pierres précieuses (diamant, saphir, rubis et émeraudes, auxquelles on peut ajouter les gemmes organiques que sont les perles fines). Sa spécialité, ce sont les diamants anciens bien souvent issus des mines de Golconde, Le joaillier choisit lui-même les pierres qu’il va faire monter dans un de ces quatre ateliers, pour ce faire, il passe une grande partie de l’année à « chasser » les gemmes dans le monde entier.
Cette broche, explique le joaillier, est inspiré d’un motif floral que l’on retrouve dans l’architecture moghole. Elle n’est pas sans nous rappeler les « jardinières » motif caractéristique de l’entre-deux guerres. En fait, elle symbolise l’arbre de l’Immortalité cité dans le Coran. Au centre de la broche se trouve une émeraude colombienne pesant 20,03 carats. et dite de « vieille mine », c’est-à-dire qu’elle fut taillée en Inde à l’époque de la dynastie des Moghols. Les quatorze diamants de taille rose pesant 11,67 carats symbolisent de délicats pétales.
Le second bijou que j’ai choisi de vous présenter, est entièrement composé de diamants calibrés plats qui représentent une fenêtre ajourée. Il s’agit de la broche « Jali » (qui figure en « une » de cet article). Le motif fait en référence aux éléments architecturaux des palais du Rajasthan, les femmes des zenanas pouvaient ainsi voir sans être vues.Il se compose de vingt-quatre diamants parfaitement calibrés taillés en table (une grande facette sur le dessus), le serti platine semble invisible.
Eric Hamers s’est arrêté spontanément sur cette paire de boucles d’oreilles : « un magnifique appairage de diamants poire taillés en rose ». La taille rose correspond à la taille ancienne des diamants, elle s’oppose à la taille brillant. Le diamant a un éclat plus faible, que l’on peut aussi qualifier de plus doux, de moins agressif. Les deux diamants réunis pèsent 30,15 carats et sont entourés de trente-huit diamants calibrés (de tailles et de formes identiques) plats qui ont été taillés dans les ateliers du joaillier. Viren Bhagat évoque le style « Indian Déco » de ce bijou : un mélange de motif floral traditionnel indien et les lignes géométriques et pures de l’Art Déco.
Joël Arthur Rosenthal, dit JAR : une identité indienne
Neuf pièces uniques signées JAR concluent magistralement la visite. Toutes font référence à l’Inde.
D’abord par le choix des thématiques abordées : référence à l’architecture indienne avec une broche en agate blanche et émeraude reprenant le motif du jali, référence aussi aux ornements avec des boucles d’oreilles rappelant le gland en perles des turbans de maharajahs, avec une broche formée d’une tête d’éléphant en titane surmontée d’une aigrette pavée de diamants, ou une autre broche en diamants et jade avec un toupet de plumes noires…
Ensuite par le choix des gemmes. JAR a réuni une collection de perles fines rarissime aujourd’hui. Un collier formé de dix rangs inégaux rassemble 1322,8 carats de perles – dont une en forme de goutte de 9,8 ct. Ce collier concurrencerait certainement celui à sept rangs que portait fièrement Khande Rao Gaekwar, Maharajah de Baroda (c’est lui qui a commandé le tapis de perles et de pierreries que vous pouvez admirer au centre de l’exposition). On retrouve les perles dans deux paires de boucles d’oreilles reprenant des motifs du répertoire joaillier indien traditionnel; elles forment l’anneau d’une bague très originale ornée en son centre d’une émeraude hexagonale de 12 carats. Les émeraudes de JAR sont d’une pureté exceptionnelle. Trois émeraudes oblongues (de 27,34 carats, 27 carats et 33 carats) forment une épingle à jabot aux couleurs chatoyantes L’ensemble des bijoux est ponctué de diamants. Point de saphirs : JAR connaît l’Inde et ne retient que les pierres qu’on y affectionne.
Conférences, autres articles & quelques lectures
Vous pouvez retrouver les autres thématiques majeures de cette joaillerie indienne parues sur ce site, ainsi que des pièces emblématiques de la collection Al Thani, en cliquant sur les liens suivants :
Les joyaux de l’Inde sous l’Empire Moghol
« Kundan » et « Art de l’émail » : deux techniques artisanales traditionnelles
Influence de l’Inde sur les créations européennes : hier et aujourd’hui
Des Maharajahs aux stars hollywoodiennes : A.V. Shinde
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Conférence à l’auditorium du Grand Palais
Mercredi 19 Avril 2017 à 18h30
« Les vertus des gemmes: amulettes et talismans dans la joaillerie indienne »
par Amina Taha-Hussein Okada, conservateur général au musée des arts asiatiques – Guimet et co-commissaire de l’exposition.
Conférence à l’Ecole des Arts Joailliers
Jeudi 27 Avril 2017 – 20h-22h.
« Royale extravagance, la Collection Al-Thani au Grand Palais »
par Susan Stronge, Conservatrice en Chef, Département Asie, V&A
& Inezita Gay-Eckel, Professeur d’Histoire du Bijou à L’Ecole des Arts Joailliers.
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Catalogue de l’exposition, Des Grands Moghols aux Maharadjas – Joyaux de la collection Al Thani, 352 pages, ill., éditions de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, Paris 2017.
Beyond Extravagance: A Royal Collection Of Gems And Jewels, par Amin Jaffer, 416 pages (en anglais), 250 illustrations, éd.Assouline, 2013.
La Bhagavadgita illustrée par la peinture indienne, sous la direction d’Amina Taha-Hussein Okada, éditions Diane de Selliers, octobre 2016.
Et, le hors-série de Beaux Arts consacré à cette exposition, auquel j’ai eu le privilège de participer sous la responsabilité éditoriale de Malika Bauwens.
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Enfin, une visite virtuelle de l’exposition est même possible en cliquant sur ce lien.
Un grand merci à Florence le Moing et Mathilde Wadoux;
& Many thanks to Laura Stuart and Karen Meguira.