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Marc Auclert : l'intaille, un art millénaire

La Maison Auclert, fondée par Marc Auclert en juin 2011 rue de Castiglione, est une maison de joaillerie dont la singularité est de monter, comme le faisaient déjà certains artisans de la Renaissance, des petits objets d’art sur des montures contemporaines. Chaque création de la Maison est une pièce unique, née de cette idée de « bijou de remploi ». C’est-à-dire un bijou créé autour d’un objet ancien.

BAGUE INTAILLE NOIRE. Bague en or sertie d'un cabochon d'onyx gravé d'une scène d'affrontement de deux guerriers antiques, XIX° siècle, agrémentée de saphirs cabochons et facettés. Crédit photo : Atelier Mai 98

Marc Auclert conçoit le bijou comme un objet esthétique doté d’une dimension culturelle. « Le bijou est une des premières formes d’expression artistique et esthétique. Aux temps les plus immémoriaux de la préhistoire on a des fresques sur les murs, des statues ou idoles en pierre, et des pierres et coquillages percés qui servent à décorer le corps. Le bijou fait partie de nos racines artistiques ».

Il est une forme d’art joaillier qui passionne cet esthète : c’est la glyptique.

L’art de la glyptique est l’art de graver des pierres fines et ornementales, plus rarement des pierres précieuses. Il existe deux techniques. L’une consiste à graver les gemmes en creux, c’est la technique des intailles ; l’autre consiste à les graver en relief, c’est la technique des camées. «Je suis plus sensible à l’intaille parce qu’elle se présente ton sur ton, sur son avers, et ne se dévoile qu’après une impression du motif. Je trouve l’intaille plus ténue, plus mystérieuse que le camée apparu plus tardivement, au IIIème siècle avant JC, et plus simple à comprendre comme bijou».

BAGUE CAMEE LACUNAIRE. Bague en or mat 18K sertie d'un important camée lacunaire en agate à deux couches représentant un buste de femme vers la gauche dans le goût de Hélène, la mère de l'Empereur Constantin. Art Romain du IVe siècle. Crédit photo : Atelier Mai 98.

L’intaille est au cœur des créations la Maison Auclert : « Ma spécialité, c’est « l’impression ». Je crée des bijoux sur lesquels se juxtaposent une intaille originale et son impression sur or. Je suis en permanence à la recherche de pièces de collection à acquérir. J'imagine et je dessine les montures. Ensuite, je fais appel aux meilleurs artisans et ateliers parisiens pour réaliser mon bijou ».

BO INTAILLE IMPRESSION Paire de boucles d'oreilles en or 18K, l'une sertie d'une intaille ovale en agate bandée gravée de la représentation d'un éphèbe debout vers la gauche, légèrement vêtu d'un himation, buvant d'une coupe tenue à deux mains, le front ceint d'un bandeau, sur une courte ligne de terre, dans une bordure hachurée, Art Etrusco-romain des II°-Ier s. av. J.-C., l'autre sertie de l'impression de l'intaille dans l'or, dans des entourages de diamants blancs et cognac (1,25 carat et 1,15 carat respectivement). Provenance : Dean Collection (1970). Crédit photo : Atelier Mai 98
BAGUE INTAILLE FOURMI IMPRESSION Bague en or 18K sertie d'une intaille en jaspe sanguin (héliotrope) gravée d'une jolie représentation de fourmi, Art Romain du II° siècle, avec, en regard, son impression dans l'or. La fourmi symbolise ici le courage et la sociabilité. Crédit photo : Atelier mai 98

Quelle est l’histoire de l’intaille ?

Comment ne pas se tromper au moment d’acquérir une intaille ?

Quelles sont les coulisses de ce monde des antiques ?

Marc Auclert répond à ces questions, révélant au passage quelques-uns de ses secrets de collectionneur.

Récit d’un passionné de l’intaille.

 

"L’intaille, les temps anciens"

Il y a 7000 ans, apparaissait l’intaille

Les premières intailles sont apparues dès le Vème millénaire avant J-C, en Mésopotamie. Tout d’abord sous la forme de cachets puis de sceaux cylindriques.

La fonction première de l’intaille fut sigillaire. Les archéologues ont révélé que les intailles mésopotamiennes servaient à marquer par impression un cachet d’argile, puis de cire, afin de faciliter les premiers échanges commerciaux entre civilisations du croissant fertile.

PENDENTIF SCEAU ANATOLIEN. Pendentif serti d'un sceau anatolien en calcaire noir, V-IIIème millénaire av. J.-C., percé et gravé d'un motif zoomorphe, le revers marqué d'un pignon, monté en or brossé 18K (deux modèles très similaires sont exposés au British Museum) sur une longue chaîne en alliage oxydé d'argent et de platine. Crédit photo : Atelier Mai 98

Les premières intailles précèdent ainsi les plus anciens témoignages d’écriture connus. « Je trouve cela émouvant et fondamental au regard de notre civilisation ». Bien que l’histoire de l’écriture se développe dans différents foyers -et sur plusieurs millénaires- les historiens s’accordent à dire que c’est en Mésopotamie qu’elle est apparue au IVe millénaire avant J.-C. Les pays de Sumer et d’Akkad avaient inventé dès 3300 avant J-C une écriture picto-idéographique qui est à la source du cunéiforme (-2800).

Le développement de l’art de l’intaille suit celui de l’écriture. Après avoir représenté des images figurées sur les sceaux, les gravures évoluent en des symboles graphiques. L’intaille, après invention de l’écriture, sert à signer et l’on devine toute l’importance sous-jacente à ce geste. A la fin du IIIème millénaire avant J-C. « les sceaux-cylindres » se développent. Les intailles sont percées et enfilées sur un lien de chanvre afin d’être portées autour du cou ou bien portées sur une épingle en broche.

Sceau-cylindre, II-Ier-millénaire av J.-C. Photo RMN/Grand-Palais. Jérôme Galland. Musée du Louvre.

«Ce qui est particulièrement beau avec les sceaux-cylindres, c’est qu’ils sont gravés en continu. Ils étaient utilisés en rotations, se renouvelant indéfiniment. A l’époque déjà, cela devait fasciner… » note Marc Auclert.

BRACELET SCEAU CYLINDRE Bracelet présentant un sceau-cylindre en lapis-lazuli, art Sumérien, 2600-2400 ans av. J.-C., avec son déroulé en impression dans l'or 18K présentant des héros et des animaux formidables. « Pour réaliser une cire parfaite du motif il a fallu imprimer le rouleau sur une bande horizontale en tournant et en appuyant de façon constante. Puis retordre délicatement la bande pour en faire un bracelet ». Crédit photo : Atelier Mai 98

L’art de l’intaille s’est rapidement diffusé au-delà du Tigre et de l’Euphrate dans toutes les anciennes civilisations : En Anatolie (Asie Mineure), en Égypte - où le motif le plus répandu était le scarabée gravé en turquoise, lapis-lazuli…. L’intaille prit une nouvelle dimension lorsqu’elle devint amulette protectrice.

Cet art de l’intaille s’est également développé en Phénicie, dans la Grèce Mycénienne et Minoenne pour atteindre son apogée entre la première moitié du IVème siècle avant J-C. et le Ier siècle dans la Grèce antique.

L’intaille : une œuvre d’art au temps de la Grèce antique & de la Rome Impériale

« La glyptique, indique Marc Auclert, était considérée dans l’Antiquité comme un domaine artistique à part entière. La fonction sigillaire de l’intaille s’est doublée à partir de cette époque d’une fonction esthétique : l’intaille devient bijou. Les fouilles archéologiques ont mis à jour un engouement très fort des Grecs de l’Antiquité pour les intailles. Elles valaient une fortune et les artistes glypticiens étaient renommés à travers tout le bassin méditerranéen. »

COLLIER INTAILLE FORTUNA Important pendentif sur sa chaîne en or blanc 18K serti en son centre d'une rare intaille hellénistique en cristal de roche d'époque ptolémaïque (2° siècle avant J.-C.). Finement gravée l'intaille représente une reine en pied vers la droite, tenant un sceptre et une double corne d'abondance, s'appuyant sur une colonnette. Elle est vêtue d'une robe aux riches plis qui dévoile sa jambe droite. L'encadrement de l'entaille est en cristal de roche clouté de diamants, avec une bélière ouvrante pavée de diamants. L'intaille est à rapprocher par sa taille et surtout sa typologie de celle en cornaline du Cabinet des Médailles (inv.58.1724). Crédit photo : Atelier Mai 98

Les noms de certains artistes ont traversé le temps. Les signatures des œuvres étaient rares mais existaient sur les intailles à compter du IVème siècle avant J-C. Ainsi, Pyrgotèle est un célèbre lithoglyphe (du IVème siècle avant J-C) dont l’Histoire a retenu le nom. Alexandre le Grand (356-323 avant J-C) lui avait commandé son portrait sur émeraude !

BRACELET NYMPHE. Bracelet en or blanc 18K brossé et poli vif, serti en son centre d'une très importante intaille en calcédoine bleue gravée d'une représentation d'une nymphe assise vers la droite sur un rocher, son chiton descendu à la taille, le buste, la taille et la jambe gauche dénudés, nouant de ses deux mains un ruban dans ses cheveux relevés. Art de la Grèce Mineure du III° ou II° siècle av. J.-C., enrichi de diamants (2.91 carats PT) et de huit cabochons de saphir étoilé (4,00 carats PT). Provenance : Dean Collection (1970). Crédit photo : Atelier Mai 98

Lorsque le sceau devient un chef d’œuvre porté, les lithoglyphes se mettent à utiliser des pierres venues de contrées exotiques aux couleurs chatoyantes. Ainsi les intailles antiques sont faites sur des cornalines d’Inde du Nord (chauffées pour accentuer leur orangé), des lapis-lazuli d’Afghanistan, des turquoises du Sinaï, des émeraudes d’Égypte, des grenats de Bohème, du cristal de roche du Moyen-Orient et des calcédoines bleues de Perse….

BAGUE CUPIDON MUSICIEN Bague en or rouge et noir 18K sertie en son centre d'une belle intaille en améthyste gravée d'une représentation de cupidon ailé tenant une flûte de pan, en pied vers la droite, légèrement cabochonnée et percée comme perle de collier. Art Romain du Ier siècle, enrichie de rubis (1,80 carat PT). Crédit photo : Atelier Mai 98

« Cela révèle un autre aspect de la glyptique que j’adore : la compréhension des échanges commerciaux qui existaient d’un bout à l'autre du monde antique». On a également retrouvé des intailles faites sur pâte de verre : cela témoigne d’un engouement pour l’art de l’intaille qui dépassait de loin les sphères aristocratiques.

En Grèce, à mesure que s’installe la dimension artistique de cet art, les sujets mythologiques, les scènes de guerre et les animaux se déclinent à profusion. Les lithoglyphes grecs excellent à graver des représentations de plus en plus gracieuses, fines, précises.

Les intailles relèvent alors de l’exploit technique : l’art de la glyptique, que ce soit pour les intailles ou les camées, est un travail lent et minutieux qui requiert une patience infinie. Les pierres sur lesquelles les lithoglyphes gravent leurs œuvres sont de petite taille dans l’Antiquité. Les gravures ne dépassent pas le centimètre. Quant à l’intaille même, elle est gravée presqu’à l’aveugle. De surcroît, la gravure se fait à l’envers. Fréquemment le lithoglyphe est obligé de s’interrompre pour passer sa pierre à l’eau, prendre une empreinte, et regarder l’évolution du motif. « Ni les intailles ni les camées ne sont taillés. La glyptique n’est pas de la sculpture, mais un art du poli », précise Marc Auclert. En 2009, dans le cadre d’une exposition, le Getty museum a commissionné un glypticien moderne afin qu’il réalise une intaille hellénistique. Alors même que le glypticien travaille avec un outil électrique et non plus manuel, le film "The art of Gem carving" permet de se rendre compte de la complexité et de la lenteur de ce labeur.

L’art de la glyptique s’étend ensuite du monde hellénistique à celui de la Rome antique.

BAGUE INTAILLE LACUNAIRE. Bague en or rouge brossé 18K sertie d'une intaille lacunaire en jaspe sanguin représentant Jupiter des moissons, assis de trois-quart vers la droite, sur un trône élaboré posé sur une ligne de terre, le bras droit levé, la main gauche tenant une serpe. Art Romain du Ier s. av./ Ier s. apr. J.-C., la lacune comblée à l'or et gravée d'une tête extrapolée. Crédit photo : Atelier Mai 98

A partir du Ier siècle, dans la Rome Impériale, le style Julio-Claudien se manifeste par de nombreuses représentations de l’Empereur et de ses proches représentés avec les divers attributs du pouvoir. « La glyptique, souligne Marc Auclert, devient quasiment un objet de propagande mais elle n’est pas diffusée au même titre que les pièces frappées à l’effigie des monarques. L’intaille est offerte aux courtisans, aux grands notables uniquement, car c’est un cadeau de très grande valeur ». S’il est un nom à retenir de cette période, c’est celui de Dioscoride qui fut un maître lithoglyphe incontesté. Il pratiquait son art sous le règne d’Auguste (27 avant J-C- 14 après J-C).

BAGUE CAMEE BLACKAMOOR Bague en or 18K sertie d'un camée d'agate à deux couches des II°-III° siècle ap. J.-C., Rome, au très beau modelé représentant un enfant nubien riant.Crédit photo : Atelier Mai 98

Du Vème au XVème siècle, l’art de l’intaille connait une longue période de creux en Occident

La chute de l’Empire romain en 476 marqua un long effacement de la glyptique en Occident. « Cet art se perpétua néanmoins chez les Sassanides (les Perses) où l’on trouve des pièces de grande qualité jusqu’au VIIème siècle ».

BAGUE PAON Bague en or rose 18K sertie d'une intaille triangulaire en grenat gravée d'une représentation de paon debout vers la droite, Art Sassanide des IV°-VI° siècle (anciennement collection Derek Content), avec en symétrie son impression dans l'or, l'anneau agrémenté de rubis (0.48 carat). Crédit photo : Atelier Mai 98.

Au Moyen-âge, les intailles antiques sont perçues comme des œuvres païennes. Néanmoins, elles sont très recherchées pour leur beauté. « Récupérées », les intailles gréco-romaines sont insérées dans divers objets du culte catholique : châsses, couronnes, croix, reliquaires, et autres objets votifs. On est déjà dans « le remploi » ! Une dimension sacrée est attribuées aux intailles antiques : on leur prête des vertus prophylactiques et leur valeur en est d’autant augmentée.

Coffret-reliquaire. Photo (C) RMN-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen-Âge) / Michel Urtado Paris, musée de Cluny - musée national du Moyen Âge.

Rois et nobles également font grand cas des intailles antiques : Charlemagne a signé des actes avec un sceau gravé d’une tête de Marc-Aurèle, ou encore de Sérapis (voir l’article de J.Jacquiot). Charles V collectionnait les plus belles pièces de glyptiques anciennes. Quant au Duc Jean de Berry (1340-1416), il possédait paraît-il une collection des plus remarquables, dont on peut encore voir quelques camées au musée du Louvre.

 

L'intaille de la Renaissance à la période contemporaine

La Renaissance : un nouvel âge d’or de l’intaille

BAGUE CAMEE RENAISSANCE Bague en ors rose et noir sertie d'un camée en onyx à deux couches du XVI° siècle représentant le buste d'un jeune patricien vers la gauche. Crédit photo : Atelier Mai 98

L’art de la glyptique connaît un nouvel essor dès le début du XVème siècle en Italie. Une frénésie s’empare des graveurs italiens qui copient, imitent et bien souvent surpassent les créations des anciens. Sous l’influence de Laurent de Médicis (1449-1492), de riches mécènes participent à ce renouveau artistique de la glyptique. Des dactyliothèques qui mêlent indifféremment les intailles antiques et leurs copies se constituent chez des collectionneurs érudits. Quinze siècles après l’époque hellénistique, l’art de l’intaille connaît un second Age d’or.

BAGUE INTAILLE CRISTAL DE ROCHE. Bague en or blanc 18K sertie d'une intaille en cristal de roche du XVIe siècle représentant le buste de Minerve casquée vers la droite, une lance dans la champs. Crédit photo : Atelier Mai 98

En France, il faut attendre les débuts du XVIème siècle pour voir refleurir cet art. François Ier fait venir à sa cour, entre autres artistes, un des lithoglyphes italiens les plus réputés, Matteo del Nassaro, pour participer à cette renaissance de la gravure sur gemmes.

Mais c’est au XVIIIe siècle que la France gagne sa renommée dans l’art de l’intaille. Madame de Pompadour (1721-1764), favorite de Louis XV et patronne des Arts durant son règne, pratiquait avec goût et talent l’art de graver les gemmes. Elle contribua fortement à la réhabilitation de l’art de la glyptique en France. En 1745, elle fit nommer le talentueux Jacques Guay (1711-1793), dont elle était l’élève, « graveur sur pierres fines de Louis XV ». Disciple du peintre François Boucher, Jacques Guay réussit à s’éloigner de la copie des modèles antiques et à renouveler le genre de l’intaille. C’est lui qui retailla en forme de dragon le célèbre spinelle rouge appartenant aux Diamants de la Couronne de France que l’on peut voir dans la Galerie d’Apollon au Louvre.

Jacques Guay. La « Côte de Bretagne » Spinelle rouge de 107,88 carats métriques. Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau

"L’intaille au XIXème : de la perfection technique à l’objet d’art"

BAGUE PIVOTANTE. Bague en or 18K sertie d'une intaille du XIXe siècle en cornaline figurant Apollon lauré, montée sur une charnière permettant d'en admirer la qualité de gravure en lumière traversante. Crédit photo : Atelier Mai 98.

Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle surgit une vision renouvelée de l’Art Antique. Le néo-classicisme se nourrit des découvertes, suivies des fouilles archéologiques, d’Herculanum (1738) et de Pompéi (1748). Cette redécouverte de la civilisation gréco-romaine s’accentue au XIXème siècle. L'expédition en Égypte de Bonaparte (1798), l’émergence du Romantisme, la découverte des tombeaux étrusques et des vestiges assyriens (1845) renforcent ce goût de l’Antique.

COLLIER GRANDE INTAILLE Pendentif et sa chaîne en or 18K, agrémenté de perles fines, sertie d'une large intaille de sardoine, fin XVIII°-début XIX° siècle, gravée d'une scène sacrificielle avec personnages et taureau, signature apocryphe lisant “Silas” inversée; la figure de droite est d'après le Pâris de la base du Vase de Portland. Crédit photo : Atelier Mai 98

« A regarder l’intaille en transparence, on se dit que le travail est trop beau pour être vrai ! Ce serait romain, il y aurait une petite gaucherie, quelque chose de plus humain ! La modelé de la gravure au XIXème est d’une qualité incroyable ».

Les camées surtout deviennent très en vogue et ornent leurs parures joaillières des élégantes du XIXème siècle, avec une acmé sous le Ier Empire.

BAGUE CAMEE NOIR ET BLANC. Bague en or blanc 18K laquée noir sertie d'un camée en onyx à couches noire et blanche représentant Hébé, la déesse de la jeunesse, dans son rôle d'échanson des dieux Olympiens. Crédit photo : Atelier Mai 98

L’Art de l’intaille se fait plus discret. En Italie, pléthores de talentueux copistes gravent les gemmes à l’identique des modèles antiques et les faussaires diffusent leurs œuvres dans toute l’Europe.

Le XXème siècle se voulant résolument moderne mettra une nouvelle fois de côté ces splendides vestiges du passé. Les bijoux dans le goût de l’Antique seront remplacés par ceux Art Nouveau, de style Guirlande, Art Déco, Rétro, etc...

L’intaille au XXIème siècle ?

« Aujourd’hui, il reste quelques maîtres glypticiens, mais c’est un métier rare », nous dit Marc Auclert.

La glyptique se pratique principalement dans des tailleries, avec des machines. Idar Oberstein en Allemagne est un site historiquement réputé. Autrefois connu pour ses gisements d’agate, Idar Oberstein demeure un des lieux d’excellence de la taille et de la gravure des gemmes. « Mais je dois avouer que ce qui me touche le plus ce sont les intailles avec une certaine ancienneté, la patine y est incomparable. L’or antique offre de même une couleur, une lumière, un luisant, une oxydation, une malpropreté qui a un charme incroyable et qu’on ne peut reproduire ».

Qu’en est-il actuellement du marché des intailles anciennes ?

« Je dirais que les intailles représentent un marché convoité, qui attire des collectionneurs avisés dans le monde entier ».

A suivre : "De l'authenticité des intailles : conversation avec Marc Auclert"

 

Visuel de "une" : Collier gravure Prince. Collier serti en son centre d'une importante ronde-bosse en calcédoine bleue figurant le buste d'un jeune prince hellénistique à la touchante expression et aux détails de gravure remarquables (chevelure). Art Impérial Romain du Ier siècle, dans un entourage de diamants et d'or blanc laqué bleu. Crédit photo : Atelier mai 98

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Chaumet : un hymne à l'hiver russe

Janvier 2018 - Alors que les Russes viennent de fêter leur nouvel an traditionnel, dans la nuit du 13 au 14 janvier selon l'ancien calendrier julien, Chaumet présente en hommage à la Russie une collection de onze pièces de haute-joaillerie intitulée "Promenades impériales".

Bracelet en or blanc et or rose, serti d'un saphir Padparadscha ovale de Ceylan de 7,07 carats, et de diamants navette et taille brillant.

Cette collection est aussi un hommage indirect à ceux qui furent ses illustres commanditaires tels la Grande Duchesse Wladimir, ou le Prince Demidoff au début du XXème siècle. En témoignent les cahiers de commande et les dessins extraits des archives de la maison.

Cette collection est formée autour de trois pierres précieuses : le diamant, le saphir (bleu), et le saphir de couleur dit Padparadscha.

 

Broche en or blanc et or rose ornée d'un saphir Padparadscha de Madagascar de 1,92 carats, et de diamants navette et taille brillant.

Le Padparadscha est un saphir à la couleur rose-orangé très recherché et dont le nom signifie "fleur de lotus" en cinghalais. C'est une dénomination commerciale et non pas une espèce minéralogique. Chez Chaumet, cette pierre évoque l'aurore ou le crépuscule des hivers russes, en contraste avec le ciel bleu des journées d'hiver symbolisées par le saphir.

Boucles d'oreilles en or blanc et or rose serties l'une d'un saphir Padparadscha de Ceylan de 1,52 carats, l'autre d'un saphir Padparadscha de Madagascar de 1,71 carats.

Sept saphirs Padparadscha rivalisent de luminosité et d'éclat : notamment une taille poire de 16,31 carats, un cabochon de 9, 03 carats, une taille ovale de 7,07 carats. Cinq de ces gemmes proviennent de Ceylan; deux ont pour origine Madagascar, autre source de ces rares saphirs.

Eléments du collier transformable en or blanc et or rose. En arrière plan un saphir taille poire de Ceylan de 16,31 carats, et un cabochon de 9,03 carats provenant aussi de Ceylan.

L'architecture des bijoux, réalisée en diamants, est inspirée des Kokochnik. Le kokochnik fut un incontournable accessoire du costume féminin traditionnel du XVIème siècle jusqu'au règne de Nicolas Ier. C'était une coiffe ornée de perles et de broderies qui ressemblait à une grande tiare. C'est aussi un élément purement décoratif que l'on retrouve dans l'architecture russe et qui s’apparente à l'encorbellement.

Portrait de l'Impératrice Alexandra Fyodorovna par A. Malyukov. 1836
Alexander D. Grinberg (1885-1979). source : russianphotographs
Sertissage en atelier du cabochon Padparadscha sur le collier transformable.

Cette première collection de haute-joaillerie est une jolie manière de souhaiter «S novim godom» !*

 

*«bonne année» en russe

Crédit photo Chaumet

Chaumet
12, Place Vendôme
75001 Paris


Marie-Caroline de Brosses : mes années chez Boivin... et après

Fondée en 1890 par René Boivin (1864-1917), la maison Boivin fut d’abord une belle maison d’orfèvrerie, avant de devenir une des principales maisons de joaillerie française du XXème siècle. Marie-Caroline de Brosses en fut l'ultime dessinatrice, reprenant le flambeau de Juliette Moutard. Elle nous raconte ici vingt ans de création nourrie par une tradition dont elle sut recueillir l'esprit, mais aussi par un goût pour la modernité qu'elle perpétue dans ses créations actuelles.


Suzanne Belperron & la technique de l'or vierge

L'or vierge était un des matériaux de prédilection de Suzanne Belperron (1900-1983). Mais qu'est-ce au juste que l'or vierge? Et en quoi cet or jaune vif, fort en titre, est-il emblématique du travail de celle qui avait coutume de dire "mon style est ma signature"?

Rare échantillon d'or natif d'Australie composé de plusieurs cristaux bien formés. Collection du Musée de Minéralogie MINES ParisTech. Or #15890 . 3.5 x 1.6 x 0.9 cm. @Eloïse Gaillou

En novembre 1961, dans un article consacré à "ce que les bijoux nous révèlent de leur créateur"("Jewels that tell about their owners") publié dans les San Francisco Chronicles, Cécile Sandoz définissait la spécificité des bijoux Belperron : "Une «fluidité abstraite» instantanément reconnaissable, un éclat pharaonique ou aztèque que donne une patine séculaire et une technique très personnelle de sertissage des pierres précieuses à l'intérieur de pierres fines ou ornementales plus importantes".

Ces pierres étaient souvent de calcédoines, d'agates, de quartz "cristal de roche" ou "fumé", qui avaient été taillés par le célèbre lapidaire Adrien Louart. Suzanne Belperron avait été la première à oser associer, dès les années 30, des pierres de moindre valeur à des pierres précieuses. Le mélange entre pierres précieuses et pierres dites ornementales offrait un contraste qui permettait d'obtenir des effets de matière -entre transparence et opacité-, de jouer avec la lumière des pierres -brillance versus matité-, et de travailler avec une palette de couleur inédite à des créations joaillières proprement avant-gardistes.

Dans ce même article, Cécile Sandoz évoquait aussi la technique de travail de l'or vierge, qui est en fait un or quasi pur à 22 carats : "assez souple pour pouvoir être travaillé comme le plomb ou la cire. Ignoré par la plupart des bijoutiers, l'or vierge permet non seulement d'obtenir la fluidité renommée des bijoux Belperron, mais leur donne également cette patine qui paraît ancienne. Avant d'être monté sur un support plus dur d'or 18 carats, le bijou est incisé, marqué, courbé et ciselé pour acquérir cette apparence antique".

Clip en or vierge. "Ying & Yang", Suzanne Belperron, circa 1970. Poinçon Darde & Fils. Ce clip faisait partie de la collection de bijoux dessinée pour Cécyle Simon.

Les orfèvres joailliers Emile Darde et Maurice Groëné, qui s'étaient associés en 1928 pour fonder la société Groëne et Darde, étaient les fabricants exclusifs des bijoux de Suzanne Belperron. C'est d'ailleurs en partie grâce à leur poinçon de maître que l'on peut authentifier des bijoux Belperron.

Clip or vierge et diamants créé par Suzanne Belperron pour Cécyle Simon. Poinçon de maître Darde & Fils. Extrait du cahier de rendez-vous de Madame Belperron relatif à ce bijou.

Groëne et Darde étaient les spécialistes de ces montures en or vierge rendues réalisables grâce à une technique appelée "or doublé". L'or est un métal malléable, il est donc rarement utilisé sous forme pure (Au) en bijouterie. Généralement il est associé à d'autres métaux tels que l'argent, le cuivre ou le palladium pour former un alliage plus résistant -et jouer sur les couleurs de l'or . L'atelier Groëné et Darde avait mis au point une technique qui consistait à renforcer cet or 22 carats en l'associant à une couche d'or 18 carats afin de produire une feuille d'or plus ferme qui permettait la fabrication du bijou. La patine antique, qu'aimait tant la créatrice était ensuite obtenue par martelage, ciselage et brunissage de l'or vierge.


"Le précieux pouvoir des pierres"

La pierre n’a pas toujours besoin d’être gemme pour attiser l’imagination et inspirer les artistes. Brute, elle porte une mémoire des lieux et parfois une force symbolique. C’est tout l’enjeu de l’exposition organisée du 30 janvier au 15 mai 2016 par le MAMAC de Nice que de faire valoir le « précieux pouvoir des pierres »

L’exposition réunit une vingtaine d’artistes français et s’organise en trois moments déclinant trois compréhensions possibles de l’univers des pierres, dans la lignée des réflexions d’un Roger Caillois dans l’Ecriture des Pierres ou encore dans La Lecture des pierres, récemment édité.

Le premier moment de l’exposition est une réflexion sur la place du minéral dans notre monde : tout notre substrat est minéral ; la géologie raconte l’histoire de l’humanité ; elle nous invite à une réflexion introspective sur nos origines et notre devenir. C’est le sens d’œuvres offrant le minéral à une observation inusuelle comme dans Thin disk with hole (1994) de James Lee Byars, simple disque de marbre blanc posé sur le sol, ou Fluorescences (2015) d’Eric Michel, alliant lumière noire et fluorite dans des luminescences où le minéral devient presque énigmatique.

Thin disk with hole, 1994, de James Lee BYARS
Thin disk with hole, 1994, de James Lee BYARS

 

Fluorescences
Éric MICHEL, Fluorescences , 2015

Cette méditation existentielle sur la présence du minéral n’a pas échappé aux mystiques de tous les temps. La pierre, brute ou taillée, vulgaire ou précieuse, s’est depuis toujours invitée dans les rituels religieux, occultes ou tribaux. La pierre philosophale et les pouvoirs magiques des pierres remontent à des temps immémoriaux. La puissance symbolique du minéral a profondément marqué les artistes. Plusieurs œuvres interrogent cette dimension comme les œuvres de Paul Armand Gette, mêlant des sculptures où la pierre est rendue à un état primal, lave figée ou blocs arrachés, à des figurations du sexe féminin : l’imaginaire tellurique et l’imaginaire sexuel se rencontrent dans une même esthétique des origines. Les Micachromes (2012) d’Evariste Richer, enfermant sous verre des parcelles minérales, semblant une coupe de strate rocheuse présentant une qualité graphique dont Roger Caillois aurait su déchiffrer le sens.

Evariste Richer (Montpellier, 1969) « Les Micachromes » (détail), 2012 Série de 11 cibachromes, 172 x 123 cm (chaque, encadré) Courtesy de l’artiste et d’UntilThen, Paris © Evariste Richer
Evariste Richer (Montpellier, 1969)
« Les Micachromes » (détail), 2012
Série de 11 cibachromes, 172 x 123 cm (chaque, encadré)
Courtesy de l’artiste et d’UntilThen, Paris
© Evariste Richer

Le mexicain Damian Ortega ordonne pour sa part des minéraux ordinaires dans des constellations mobiles qui semblent réinventer un ordre à partir du chaos des matériaux de récupération (papier de verre, câbles…).

Damián Ortega (1967, Mexico) Cinco anillos, 2011 Structure métallique et objets suspendus : fragments de verre coloré, alliage (Zamac), câble métallique, papier de verre et tezontle rouge (roche volcanique utilisée dans le domaine de la construction au Mexique) 254 x 240 x 240 cm Collection ISelf, Londres Courtesy de l’artiste et Kurimanzutto, Mexico city © Damián Ortega
Damián Ortega (1967, Mexico)
Cinco anillos, 2011
Structure métallique et objets suspendus : fragments de verre coloré, alliage (Zamac), câble métallique, papier de verre et tezontle rouge (roche volcanique utilisée dans le domaine de la construction au Mexique)
254 x 240 x 240 cm
Collection ISelf, Londres
Courtesy de l’artiste et Kurimanzutto, Mexico city
© Damián Ortega

La géologie et la minéralogie ont également excité la curiosité des scientifiques et des passionnés : les collections minéralogiques, les cabinets de curiosité, les archives de laboratoires organisent la profusion minérale d’une façon spontanément esthétique. Les artistes se sont emparés de cette dialectique de l’ordre scientifique et du naturel géologique – c’est le cas de Marine Class, qui dans Pierres de Rêve (2013) dispose de petits cailloux dans une boîte à outil évoquant les quêtes d’explorateurs-géologues. Hubert Duprat propose des assemblages de petits minéraux ou des tas de pierres taillées, conjuguant le brut et le poli en attente d’inventaire.

Marine Class (1983) Pierres de rêve, 2013 Bois peint, céramique émaillée, papier marbré, cuir, cailloux, crayon de couleur sur papier, laiton, 40 x 34 x 35 cm Dessin, 24 x 30 cm Courtesy de l’artiste
Marine Class (1983)
Pierres de rêve, 2013
Bois peint, céramique émaillée, papier marbré, cuir, cailloux, crayon de couleur sur papier,
laiton, 40 x 34 x 35 cm
Dessin, 24 x 30 cm
Courtesy de l’artiste

L’art des pierres n’est pas limité à la joaillerie : l’exposition niçoise démontre que la capacité d’inspiration des pierres est très vaste et que la magie minérale est une inépuisable source de création.

Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain (MAMAC)
Place Yves Klein
06364 Nice cedex 4
Téléphone:+33 (0)4 97 13 42 01
mamac@ville-nice.fr

Museum d'Histoire Naturelle
60, Boulevard Risso - 06364 Nice Cedex 4
Tél. : +33 (0)4 97 13 46 80
museum.histoire-naturelle@ville-nice.fr

 

Photo MOMAC, oeuvre d'Hubert Duprat


« De neige et de rêve, les bijoux d’Elsa Triolet »

Cantique à Elsa

Tu faisais des bijoux pour la ville et le soir
Tout tournait en colliers dans tes mains d’Opéra
Des morceaux de chiffons des morceaux de miroir
Des colliers beaux comme la gloire
Beaux à n’y pas croire Elsa valse et valsera
J’allais vendre aux marchands de New-York et d’ailleurs
De Berlin de Rio de Milan d’Ankara
Ces joyaux faits de rien sous tes doigts orpailleurs
Ces cailloux qui semblaient des fleurs
Portant tes couleurs Elsa valse et valsera

Louis Aragon, Les Yeux d’Elsa, 6ème et dernière section, Paris, Gallimard, 1942 (Oeuvres poétiques complètes, Bibliothèque de la Pléiade, p.803)

… Ces vers du grand Aragon peuvent servir d’introduction à l’exposition présentée par le Musée d’Art, Histoire et Archéologie d’Evreux jusqu’au 14 février 2016 : il s’agit de la collection de bijoux créés par celle que l’on connaît surtout pour ses œuvres littéraires et le couple célèbre qu’elle forma avec Aragon, Elsa Triolet (1896-1970).

L’exposition est constituée de cinquante-quatre pièces restaurées, principalement des colliers et des bracelets, prototypes, créations inachevées qui témoignent du travail d’Elsa Triolet : « Je m’efforçais de faire des colliers en une matière qui n’avait pas encore été utilisée, aussi personne ne pouvait m’enseigner la technique ». Les matières sont très variées, ni pierres précieuses ni pierres fines mais des matériaux naturels, modestes : papier tressé, pâte de verre, nacre, métal, cuir, galon de coton...

 

Ces bijoux ne sont pas des pièces de haute-joaillerie mais des bijoux décoratifs ou de mode, dont la valeur tient à l’imagination artistique qui s’y manifeste. La collection est d’une étonnante modernité ; les motifs et les dessins sont d’un charme très féminin.

 C’est en novembre 1928 qu’Elsa a rencontré Louis Aragon. A partir de 1929 et jusqu’à la fin de 1932, Elsa se lance dans la fabrication de bijoux pour subvenir à leurs besoins : « A l’atelier, c’est une écurie […] maintenant je m’occupe de nouveau des colliers qui me prennent vingt-quatre heures par jour. Je fais de nouveaux modèles, je m’inquiète à la pensée que tout cela ne vaut rien ». Et elle ajoute : « il faut renoncer à l’insouciance car la maison d’édition ne paie plus Aragon ».

Elsa crée ainsi des modèles et Louis, sous le nom de Monsieur Triolet, va les vendre dans les maisons parisiennes de haute-couture dont celles de Paul Poiret, Madeleine Vionnet et Elsa Schiaparelli, ainsi que dans les maisons d’exportations.

« Pauvre Louis ! Pour lui aussi le commerce était une chose parfaitement insolite. A six heures du matin, sans avoir le temps de déjeuner ni de se raser, il courait la valise à la main dans le quartier éloigné des maisons de commission. Moi, je préparais déjà une deuxième collection de colliers en choisissant le matériel de telle sorte que Louis n’ait pas trop de mal à porter la valise. Ce facteur tout à fait nouveau de création des modèles m’a amenée à des résultats inattendus. J’ai inventé des colliers presque impondérables, en crin blanc, dont on a écrit, quand ils furent exposés au « Salon des Artistes Modernes », que c’était des colliers de neige et de rêve. » 

collier 1931, perles en nacre, galon de coton beige et fermoir en alliage cuivreux

Collier 1931, perles en nacre, galon de coton beige et fermoir en alliage cuivreux

 Les bijoux d’Elsa créés pour la haute-couture connaîtront un destin exceptionnel : décrits par Elsa Triolet elle-même dans Colliers, roman-documentaire sur le monde de la mode (1932), ils sont photographiés par Man Ray et filmés par Agnès Varda en 1966.  En 1981, Louis Aragon offre près de cinquante modèles à la Bibliothèque Elsa-Triolet de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), ainsi que la valise dans laquelle il allait lui-même présenter les bijoux aux couturiers.

 Ces bijoux ont été exposés de nombreuses fois. En 1972 une grande rétrospective Elsa Triolet eut lieu à la Bibliothèque nationale à Paris. A Saint-Etienne-du-Rouvray, ils furent exposés à plusieurs reprises en 1987, en 1996... Ils furent aussi prêtés à l'occasion d'une exposition au Musée de la Mode à Paris sur Elsa Schiaparelli.

L’exposition d’Evreux est une nouvelle occasion de découvrir ces créations originales et inattendues !

Pour aller plus loin :

 « De neige et de rêve, les bijoux d’Elsa Triolet », Editions du Chêne. Sous la direction scientifique de Florence Calame-Levert, conservateur du patrimoine, directrice du musée d’Art, Histoire et Archéologie d’Évreux.

Cet ouvrage présente une centaines d’illustrations avec la reproduction inédite de tous les bijoux de la collection.

Musée d’Art, Histoire et Archéologie
6, rue Charles Corbeau. 27000 Evreux
musee.mairie@evreux.fr / 02 32 31 81 90

 

Clichés : Art Digital Studio. Copyright : Musée d'Evreux.
La provenance des objets : collection Médiathèque de la ville de Saint-Etienne-du-Rouvray.