Les Diamants de la Couronne au Muséum National d’Histoire Naturelle
L’ombre du Diamant bleu
Le mythe du grand Diamant Bleu de Louis XIV plane sur le Muséum National d’Histoire Naturelle.
C’est là en effet qu’en 2007 fut retrouvé ce qui fut bientôt identifié comme le moulage en plomb du Diamant Bleu.
Rappelons en quelques mots l’histoire rocambolesque du Diamant Bleu, une énigme qui a duré 215 ans, doublée d’une sombre légende – la pierre étant réputée pour avoir porté malheur à ses propriétaires successifs.
Le Diamant Bleu était ce diamant massif de 115,4 carats – le plus gros connu – acheté par Louis XIV et taillé sous l’égide de Jean Pittan qui en fit un véritable chef-d’œuvre pesant 69 carats. Le lapidaire avait conçu une cosmologie centrée autour du Roi-Soleil. Le serti or et les jeux de lumière du diamant permettaient paraît-il de faire apparaître un soleil au cœur de la pierre, sur fond de ciel bleu.
Intégré à la Toison d’or par Louis XV, le grand Diamant Bleu fut volé lors du pillage du Garde-Meuble en septembre 1792.
Vingt ans et deux jours après ce vol, soit deux jours après la date de prescription légale du vol, un diamant bleu de forme ovale de 45,5 carats apparut à Londres… Son propriétaire est alors le banquier Thomas Hope. Au même moment, dans des documents retrouvés par le Muséum d’histoire naturelle, deux personnages mentionnent la présence à Londres du Diamant Bleu : le lapidaire John Francillon et un négociant en diamants, Daniel Eliason.
Le diamant est resté dans la famille Hope jusqu’au début du XXème siècle, puis il a été revendu à de nombreuses reprises avant d’arriver en 1910 chez Cartier. Il a alors été acquis en 1911 par la milliardaire américaine Evalyn Walsh McLean, qui l’a conservé jusqu’à sa mort en 1947.
Le joaillier Harry Winston l’a à son tour racheté en 1949, puis en a fait don au Smithsonian Institute de Washington en 1958, où le diamant se trouve toujours actuellement.
Ni par sa taille, ni par son poids, le diamant bleu de Washington n’est semblable au mythique Diamant Bleu. C’est tout simplement qu’il a été retaillé pour masquer son identité. Thomas Hope a donc été le receleur (volontaire?) du Diamant Bleu. Avant toutefois de procéder à cette altération irrémédiable, J.Francillon, le lapidaire londonien avait réalisé le moulage de plomb du diamant bleu.
Lorsqu’il retrouva ce moulage de plomb, François Farges put établir par modélisation que le diamant Hope de la Smithsonian Institution et le Diamant Bleu était un seul et même diamant. Le travail du lapidaire londonien avait consisté principalement à supprimer les trois pointes du diamant et à modifier son épaisseur de quelques centimètres. Le chef d’œuvre de Jean Pittan en fut détruit. La retaille aurait eu pour autre conséquence d’assombrir la pierre.
Après la Joconde, cette gemme de la Smithsonian Institution est l’objet d’art le plus visité dans le monde !
Le MNHN présente sur son site internet un dossier extrêmement complet sur l’histoire des gemmes et des joyaux de la couronne dont il dispose. Ce dossier a été rédigé par Audrey Cluzel sous l’égide de François Farges, Professeur et ancien chargé de conservation des collections de minéralogie au Muséum National d’Histoire Naturelle.
Pour aller plus loin :
François Farges & Thierry Piantanida, Le Diamant Bleu, Michel Lafon (octobre 2010)
La galerie de minéralogie et de géologie du Museum d’Histoire Naturelle
36, rue Geoffroy Saint-Hilaire. 75005 Paris
Ouvert tous les jours, sauf le mardi et le 1er mai :
10 h – 17 h et du 1er avril au 27 septembre : 10h – 18h
Et le site du Smithsonian qui présente de passionnantes recherches sur ce diamant.