Les Diamants de la Couronne au Muséum National d’Histoire Naturelle
Parmi les trésors de sa Galerie de Minéralogie, le Muséum National d’Histoire Naturelle présente des gemmes issues des collections royales et impériales de la Couronne de France. Elles ont été acquises en deux temps.
La première vague : Grande Emeraude et Grand Saphir
En 1796, quatre années après que le « Cabinet royal d’Histoire naturelle » eut été rebaptisé « Muséum d’Histoire Naturelle », son directeur Louis Daubenton (1716-1799) est invité à choisir une série de gemmes dans l’ancienne collection royale. L’idée est de présenter au peuple français les « richesses et usages du monde minéral » afin de contribuer à « l’instruction publique ». Un motif pour le moins ingénieux qui a permis la conservation de ces pierres précieuses ayant appartenu aux Diamants de la couronne.
Deux pierres de ce premier dépôt au MNHN retiennent particulièrement notre attention.
• La Grande Émeraude dite « de Saint Louis »
Cette pierre de 51,6 carats est une gemme qui au XIIIème siècle ornait le centre d’une fleur de lis de la Sainte Couronne de France offerte par le roi à l’abbaye de Saint-Denis.
Couronne de saint Louis
L’émeraude présente aussi un intérêt important pour les gemmologues car elle provient d’un gisement historique épuisé : celui des mines du Habachtal en Autriche.
• Le « Grand Saphir » de Louis XIV était probablement le plus beau saphir du siècle et a pour origine Ceylan.
Composée de six faces, en forme de losange, cette pierre pesant 135,8 carats a longtemps été l’objet d’interrogations quant à son facettage : était-ce un cristal naturel ou un cristal poli ? Il est avéré aujourd’hui qu’il s’agit bien d’un cristal poli. D’ailleurs, et c’est rare dans l’histoire des Diamants de la Couronne, cette gemme a échappé à toute retaille depuis son acquisition par le Roi-soleil en 1669.
On ne sait pas à quelle date exactement elle est entrée dans la collection royale car elle ne figure pas dans la liste des pierres achetées par le roi. On suppose qu’elle lui aurait été offerte par le grand joaillier d’Amsterdam David Bazu qui fournissait en pierres précieuses Louis XIV par l’intermédiaire de son lapidaire Jean Pittan.