Les bijoux de l’Impératrice Eugénie
[section_title title= »Les parures officielles et l’écrin privé du mariage impérial »]
La corbeille nuptiale est en effet à la mesure de l’événement que l’empereur désire d’un faste absolu .
On notera ainsi la commande faite aux joailliers François Kramer (joaillier attitré de l’impératrice Eugénie) et Alexandre-Gabriel Lemonnier (joaillier de la Couronne) de quatre broches d’épaule et de corsage en perles et brillants.
Gabriel Lemonnier est chargé d’exécuter pour sa part le devant de corsage en perles et diamants portant en son centre l’énorme perle « Napoléon » de 346,27 grains, achetée par le premier empereur à Nitot en 1811 .
La vénérable Maison Mellerio dits Meller Frères livre quant à elle un éventail avec une monture en or, orné de 1075 brillants et recouvert d’émail rouge pour 3800 francs.
La plupart de ces pièces impressionnantes sont constituées avec les pierres fournies par la Couronne, ce véritable trésor d’Etat, minutieusement inventorié, considéré comme inaliénable, fruit des achats et création des règnes précédents, principalement de la Restauration, et dont Eugénie a désormais l’usufruit .
A côté des ces joyaux que l’on pourrait qualifier d’« officiels », la future impératrice se constitue très vite un écrin particulier considérable, fait d’achats personnels ou de cadeaux et qui échappent eux aux inventaires.
Pour les noces impériales, la presse se fait d’ailleurs largement l’écho de ces nouvelles parures privées : « Lemonnier fit éclore plusieurs parures, véritables fleurs d’intelligence et de génie. L’une de ces parures était en perles fines et en rubis, et se composait de la petite couronne fermée qu’on place derrière la tête, d’un bracelet et d’un collier à plaques. L’autre, en perles noires, d’une rareté introuvable, consistait en un bracelet formé de trois grosses perles noires. Le collier, juste au cou et de forme Louis XV, avait pour milieu une énorme perle pendeloque. Quatre grosses perles composaient la broche. Puis c’étaient des parures Louis XV en pièces de toutes couleurs. Une parure de saphirs et de diamants et une parure d’émeraudes et de perles fines » (in H.Vever, La bijouterie française au XIXème siècle, Paris, H.Floury, 1908)
Finalement le dimanche 30 janvier 1853 la jeune comtesse espagnole devient impératrice.
A l’entrée de Notre-Dame la mariée plonge dans une profonde révérence devant une foule en liesse, scellant le début d’une relation, parfois tumultueuse, avec le peuple français. Eugénie est vêtue d’ « une robe à queue en velours épinglé blanc, recouverte en point d’Angleterre, au corsage à basques, parsemé de diamants. Sur son front est posé le diadème de diamants et de saphirs, mêlés de fleurs d’orangers » . Le diadème, sélectionné parmi les joyaux de la Couronne, est une création d’Evrart Bapst issue d’une parure livrée en 1818 pour la duchesse d’Angoulême, dont le style n’est pas encore jugé trop démodé .
Pour son dîner de noces au petit château de Villeneuve-l’Etang, dans le parc de Saint-Cloud, la nouvelle souveraine porte d’ailleurs une autre production de la Maison Bapst : la parure de rubis et diamants livrée également pour la duchesse d’Angoulême en 1816. Remaniée à partir de pierres fournies à l’origine en 1811 par Nitot pour Marie-Louise, la parure de rubis était considérée, à juste titre, comme la plus somptueuse des créations de pierres de couleur, rubis, saphirs, émeraudes et turquoises, élaborées sous la Restauration et conservées intactes sous le Second Empire .
Les mois qui suivent l’union impériale apporteront de nouvelles créations d’importance.