« Kundan » et « Art de l’émail » : deux techniques artisanales traditionnelles
[section_title title= »L’Art de l’émail »]
L’art de l’émail fut introduit par des joailliers européens arrivés en Inde au XVIème siècle et au début du XVIIème siècle. Il s’agit là d’une première convergence entre les traditions artistiques indiennes et européennes.
L’émail est un des éléments les plus sophistiqués de la joaillerie Moghole. Même si l’usage de cet art est limité au dos ou aux surfaces internes des pièces joaillières et objets décoratifs, les émailleurs de la cour ont produits des œuvres remarquables. Cet art se répandit ensuite très largement dans le sous-continent indien et les artisans-émailleurs de la cour Moghole devinrent rapidement maîtres dans cet art complexe.
L’émail indien dans son ensemble reste fidèle à des couleurs typiques et à une fabrication inchangée au cours des siècles. L’émail indien champlevé est considéré comme étant l’émail par excellence. Hans Nadedelhoffer dans son ouvrage de référence sur Cartier donne pour définition de la technique d’émaillage champlevé : « qui consiste à graver sur la base de métal des lignes ou des alvéoles qui sont remplies de poudre d’émail de différentes couleurs puis passées au four. »
Les motifs décoratifs de Jaipur sont les plus anciens et utilisent souvent un même modèle : des motifs floraux,végétaux ou animaliers (motifs dérivés des décorations architecturales impériales mogholes) sur fond rouge, vert ou blanc .
L’émail rose translucide sur fond blanc vient généralement de Bénarès, avec « des motifs de lotus, de feuilles et d’oiseaux, influencés au XVIIème siècle par Ispahan ». (H. Nadelhoffer).
Le makara appartient au bestiaire mythologique de l’Inde, c’est une créature propice à tête d’éléphant et au corps de poisson liée à la fécondité. Ces bracelets indiens de Maharani ont été découverts par le grand public en France lors de la vente des bijoux de Brigitte Bardot le 17 juin 1987 à l’hôtel Drouot. Plus tard, ils ont appartenu à une autre célèbre actrice, grande collectionneuse de bijoux, Maria Félix. Aujourd’hui, ils sont conservés au sein de la prestigieuse collection Faerber. Décrit par Françoise Cailles et Jean-Norbert Salit dans Le prix des bijoux, 1986-1987-1988 « chaque bracelet est rigide, en or émaillé polychrome rehaussé de diamants de forme irrégulière et de diamants table en sertissure . Il se termine par deux protomés d’éléphants affrontés, les trompes enlacées, les langues sont faites de rubis ».
Quant à la ville de Lucknow, ancienne capitale des nababs de l’Aoudh jusqu’en 1856 (aujourd’hui capitale de l’Uttar Pradesh), les couleurs dominantes des émaux étaient le bleu et le vert – couleurs qui influenceront fortement les maisons de joaillerie européennes au début du XXème siècle.
Ces deux techniques traditionnelles de sertissage kundan associé à l’émaillage sont toujours utilisées par les joailliers indiens de nos jours, particulièrement à Jaipur. Elle reste donc très ancrée dans l’imaginaire indien : même le cinéma bollywoodien a exploité les splendeurs de cette tradition.