Paula Crevoshay : des couleurs du ciel à celles de la Terre

Le Musée de Minéralogie Mines ParisTech présente, jusqu’ au 1er Février 2017, l’exposition « Illuminations – de la Terre au bijou ».

Trente-deux créations de l’artiste joaillière Paula Crevoshay sont exposées pour la première fois en France à côté de spectaculaires minéraux bruts issus de la collection du Musée, l’idée étant de souligner le lien entre les minéraux et les objets manufacturés.

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Pendentif « Bitterroot » composé de saphirs jaunes et roses du Montana. Les saphirs de couleur rose sont les plus rares qu’on puisse trouver dans les mines du Montana. La fleur, qu’on appelle « racine amère  » ou « Lewisia redivia », est la fleur emblématique du Montana. A gauche, issu des collections du Musée de Minéralogie, un cristal de saphir brut sur gangue.

Ceux qui ne connaissent pas encore les collections du musée des Mines ParisTech doivent savoir qu’elles comptent parmi les plus complètes et spectaculaires du monde.

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Cristal d’aigue-marine

En effet, ces collections renferment quelques 100 000 échantillons, dont 4 000 sont présentés en vitrine, ce qui correspond à environ 2 900 espèces minérales. Le lieu lui-même est historique puisque situé dans un ancien hôtel particulier du XVIIIème siècle, l’Hôtel de Vendôme. Les pièces en enfilade du musée ainsi que son mobilier (meubles et vitrines en chêne de Hongrie) ont été conservés dans la configuration des années 1850-1856.
L’exposition des bijoux se trouve dans le salon central du musée.

Qui est Paula Crevoshay?

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Paula Crevoshay à sa table de travail

Elle compte parmi les joaillières indépendantes les plus talentueuses d’aujourd’hui. Paula Crevoshay a lancé sa première collection de bijoux aux Etats-Unis en 1983. Sa notoriété n’a cessé de croître depuis.

Elle ne crée que des pièces uniques, le plus souvent massives, qu’elle dessine et dont elle suit chaque étape de la réalisation. Elle travaille avec de nombreux ateliers répartis dans le monde : A Albuquerque, où elle vit, à Miami, à New-York, à Hong Kong… Cela lui permet de produire une centaine de bijoux par an. Quant à ses fournisseurs de gemmes, ils viennent du monde entier.

Paula Crevoshay utilise un grand nombre de gemmes issues du sol américain comme les saphirs du Montana, la turquoise du Nevada, les opales d’Oregon, les tourmalines de Pala en Californie. Elle a pour projet d’en faire une une exposition qui s’intitulera « Mines of my country ». Peintre de formation, elle a fait de la joaillerie son mode d’expression et des gemmes sa palette.

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« Arc-en-ciel » sur le Montana, bracelet entièrement composé de saphirs provenant des mines du « Treasure State » découvertes depuis les années 1860.

Paula Crevoshay a vécu  en Inde dans sa jeunesse et a été marquée par la spiritualité qu’elle y a découvert, teintée de mystique. Elle a été marquée également par les techniques ancestrales joaillières qui y sont toujours pratiquées. Son travail de création s’appuie sur l’admiration démesurée pour une Nature source de toute beauté et génératrice d’espoir.

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« Jessie », en hommage à la voisine de Paula et de Martin son compagnon, qui possède les plus jolis arbustes de camélias de la région! Cette fleur est composée de 44 saphirs jaunes (2,19 ct), de 373 saphirs roses (38,77 ct), de 250 diamants (1,42 ct) et d’un péridot central (0,98 ct).

Paula Crevoshay est originale, habitée, optimiste. Elle n’appartient pas à cette école d’artistes torturés qui travaillent dans la douleur, au contraire. Elle dit comprendre le langage des pierres, ressentir ce qu’une gemme veut devenir.  Elle estime avoir suivi « ce pour quoi elle se savait faite depuis son plus jeune âge », à savoir la voie artistique, son « own unic path ». Ce chemin lui a réussi : certains de ces bijoux sont aujourd’hui exposés dans les collections du Smithsonian Institution à Washington, au Carnegie Museum of Natural History à Pittsburgh en Pennsylvanie, ainsi qu’au GIA de New-York et de Carlsbad en Californie.

 

La signature Crevoshay : de la couleur, des gemmes inhabituelles et un travail sur les jeux de lumières

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« Maharani Devi », tourmaline rubellite gravée de 140,18 carats, grenats tsavorites, tourmalines roses et diamants.

Paula Crevoshay est « la reine de la couleur », pour reprendre une expression qu’elle affectionne. Toutes ses créations joaillières l’attestent. Ses gemmes de prédilection ? « Toutes! » répond-elle spontanément. Puis, elle évoque deux espèces minérales : la tourmaline qu’on appelle aussi la « pierre arc-en-ciel » et l’opale réputée pour ses jeux de couleur et ses reflets irisés.

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Les bijoux Crevoshay sont pour la grande majorité montés sur un chaleureux or jaune 18 carats.

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Échantillon du Musée de Minéralogie : or brut provenant d’Australie et composé de plusieurs cristaux bien formés.

Ses connaissances en gemmologie permettent à Paula Crevoshay de travailler les jeux de lumière sur ses bijoux. L’éclat d’une pierre dépend de son indice de réfraction, c’est-à-dire de sa capacité à réfléchir la lumière. Plus l’indice de réfraction est élevé, plus la pierre brille. Ses bijoux présentent d’intenses contrastes de luminosité qui mettent en valeur les différentes pierres. Cette volonté de donner le primat à la lumière est à l’origine du titre de l’exposition « Illuminations ».

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« Versatile », émeraudes grenats tsavorites et diamants.

Ces boucles d’oreilles font contraster le faible éclat des émeraudes d’un vert profond (n= 1,566 à 1,600) avec la vivacité des tsavorites (n= 1,742 à 1,748) et des brillants (n= 2,42).

Le bijou ci-dessous, à la forme géométrique anguleuse rare chez Crevoshay, est orné en son centre d’une sphalérite (ou Blende) jaune verte, qui est une pierre très fragile mais dont l’éclat (n= 2, 370 à 2,470) est supérieur à celui du diamant (n=2,417). Un pavage de grenats démantoïdes (n= 1,88) vifs contraste avec la douceur des opales (n=1,42 à 1,46) et de l’or mat.

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« Don du soleil », sphalérite de 8,25 ct,, diamants bruns, grenats démantoïdes et opales.

Paula Crevoshay est aussi renommée pour son travail avec des gemmes inhabituelles. Diamants, saphirs et émeraudes sont récurrents dans ses bijoux, mais elle travaille beaucoup avec des pierres moins fréquentes.

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« Corona », aigue-marine gravée, pierres de lune et diamants montés sur or jaune.

Considérons les pierres de couleur bleue : Paula Crevoshay aime la pierre de lune, qu’elle fait tailler en cabochon afin d’en faire ressortir les reflets bleutés (adularescence), la chrysocolle « sœur de la turquoise » (elles possèdent des propriétés relativement similaires) qui, lorsqu’elle est de qualité gemme, présente un meilleur poli et une plus jolie brillance. Elle emploie aussi beaucoup les opales nobles noires de Lightning Ridge (Australie), les très fragiles apatites à la couleur turquoise vive qui rappellent les tourmalines Paraiba, et les cyanites d’un bleu profond telles des saphirs du Cachemire.

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La vénéneuse méduse « L homme de guerre portugais », composée d une opale centrale, de chrysocolle, saphirs et perles de corail.
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« Sabrina », bracelet composé d’opales ( 51.32ct ), de zircons bleus et de grenats tsavorites.
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« Déesse de la rivière », chrysocolle sculptée, pierres de lune, diamants et opale.

Paula Crevoshay puise une grande partie de son inspiration dans les Beaux-Arts. Elle compare les opales à des toiles de Monet, certains de ses bijoux font référence à des courants de l’histoire du bijou, par exemple des formes médiévales, à des pays, l’Inde et la Thaïlande. Elle évoque beaucoup aussi les couleurs de son Nouveau-Mexique, Il est cependant indéniable que c’est la nature qui l’inspire le plus, les papillons (son logo) et les fleurs étant ses leitmotiv favoris.

« Bonita Linda », turquoises, pierres de lune, zircon et diamants

 

La serre d’orchidées de Paula Crevoshay

Un dernier mot sur la façon dont procède l’artiste américaine pour créer :

Lorsqu’elle crée un bijou, Paula Crevoshay a coutume de partir d’une pierre centrale. Elle a souci de reproduire au plus près la nature, en particulier les fleurs qu’elle aime. Ses bijoux en forme d’orchidées semblent sortis d’un livre de botanique.

L’orchidée « Eden » ci-dessous, ornée en son centre d’une superbe kunzite rose-mauve, fait figure d’exception pour puisque le dessin avait été réalisé sans que la pierre n’ait été encore trouvée. Elle a été rachetée à un vendeur de Hong-Kong qui l’avait déjà lui-même revendue, puis l’a rachetée et refait tailler en goutte, taille particulièrement rare.

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« Eden », Kunzite, rubellite, rubis, saphirs pourpres et roses, diamants et améthystes
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« Dans le silence de la nuit », Pierres de lune, saphirs fuchsia et diamants
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« Magie noire », diamants noirs, diamants blancs, saphirs roses et jaunes.
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« Le don de Maia », grenats tsavorites, tourmaline rose, saphirs roses, jaunes et violets, diamants.

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Paula Crevoshay
c/o Mellika Co. Inc.
PO Box 16593
Albuquerque, New Mexico 87191 USA
in**@cr*******.com

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Ce cristal de péridot des collections du musée est connu mondialement pour sa forme parfaite, sa pureté et sa couleur exceptionnelle. Il provient d’un gisement mythique « Zabargat » ou île Saint-John en Egypte dont le gisement est épuisé depuis 1958.

Musée de Minéralogie MINES ParisTech
60 boulevard Saint-Michel,
75006 Paris
Ouvert : Mardi – vendredi : 13h30 – 18h
Samedi : 10h – 12h30 et 14h – 17h

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Livre Illuminations, Earth to Jewel, by Paula Crevoshay (Author), Christopher Chavez (Author), Didier Nectoux (Foreword), Martin Bell (Introduction)

Et si vous êtes tentés par un bijou Crevoshay, je vous recommande ce site 1stdibs

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Photo en une « La fenêtre de Monet », Opale boulder, apatites et diamants montés sur or jaune.

Crédit photo des bijoux@Crevoshay
Crédit photo des minéraux@musée des Mines Paristech