Iris Apfel : les partis pris d’une excentrique
« Iris Apfel débarque à Paris »
A l’occasion de la Fashion Week parisienne qui se déroulera du 2 au 9 mars 2016, Iris Apfel a prêté au Bon Marché Rive Gauche quelques-unes des tenues excentriques qui ont fait sa renommée.
Une occasion de découvrir cette légende de la mode new-yorkaise, aujourd’hui nonagénaire.
Iris Apfel in « Iris ». Photo courtesy of Magnolia Pictures
Iris Apfel
Née le 29 août 1921, Iris a épousé Carl Apfel en 1948. Ensemble, ils ont créé en 1950 la Old World Weaver, une entreprise de textile de luxe spécialisée en tissus anciens et reproduction de tissus anciens. Des années durant, ils parcoururent le monde à la recherche d’objets rares et décorèrent des maisons prestigieuses. Ils se sont notamment occupé sous neuf présidences du réaménagement de la Maison Blanche – de Truman à Clinton !
En septembre 2005, The Costume Institute au sein du Metropolitan Museum of Art consacra une exposition à la garde-robe d’Iris intitulée :
« Rara Avis : Selections from the Iris Apfel Collection ». Ce surnom « d’oiseau rare » lui est depuis resté. Depuis cette consécration tardive, Iris Apfel mène une vie plus active que jamais. Elle apparaît dans le dernier documentaire que lui consacre le maître du genre, Robert Maysles, elle a créé des collections de bijoux, donné des dizaines interviews…
Iris Apfel a fait de son look sa marque de fabrique : elle porte des vêtements originaux et colorés associant pièces de couture et pièces chinées, de grosses lunettes rondes surdimensionnées et une accumulation de très gros bijoux, le plus souvent fantaisie.
Je préfère la camelote aux vrais bijoux
Autrefois, personnages royaux, femmes de la cour et courtisanes portaient des parures complètes ; les maharajas se paraient richement il y a un siècle encore, mais cette accumulation de bijoux et de richesse n’a plus cours aujourd’hui. Les femmes portent rarement plusieurs grosses pièces de joaillerie, même de fantaisie – on porte un, deux bijoux tout au plus : une bague cocktail, un grand sautoir ou des boucles d’oreilles. Iris, elle, se distingue par l’accumulation de strates de colliers, de bracelets, de broches, parfois à la limite du possible compte-tenu de sa frêle silhouette.
Iris avoue préférer les bijoux fantaisie à la haute-joaillerie : « Diamond necklaces don’t appeal to me at all », dit-elle (les colliers de diamants ne m’attirent pas du tout). Une pierre précieuse fait exception : l’émeraude, pierre qu’Iris qualifie d’ « imparfaite » en raison des nombreux « jardins » qui la composent.
Elle trouve qu’il y a plus de bijoux intéressants dans la bijouterie fantaisie car les créateurs peuvent prendre des risques, risques qui sont moins souvent encourus par les maisons de joaillerie avec des pierres de forte valeur… Ainsi, conclut-elle en faisant tinter ses bracelets en bakélite: « les pièces classiques qui dureront très longtemps, je trouve cela ennuyeux! » .
Ses bijoux de prédilection restent le plus souvent en pierres naturelles, ornementales ou organiques : ainsi l’ambre, le corail, l’ivoire, la nacre. Mais ce qu’Iris Apfel préfère, ce sont les gros galets de turquoises brutes parcourues de longues veines qu’elle porte en sautoir ou tour de cou.
Rodin avait coutume de dire que ce qu’il y a de plus beau qu’une belle chose, c’est la ruine d’une belle chose : une sentence qu’Iris Apfel a fait sienne notamment pour expliquer son goût prononcé pour les bijoux « vintage ». Aussi, ce qui touche Iris, ce sont les bijoux qui ont une histoire et racontent une histoire : elle a réuni dans sa collection personnelle un très bel ensemble d’artefacts amérindiens.
Récemment, Iris Apfel déclarait à Nathan Heller dans une longue interview à Vogue ne plus acheter de vêtements (parfois quelques accessoires) mais rester acheteuse compulsive de bijoux : « The only thing I buy now is jewelry ». Les bijoux seuls ont ce pouvoir de transformer une tenue. Avec un vêtement élégant, Iris porte des colliers ethniques, des rangs de turquoises amérindiennes ou bien un collier composé de grosses boules de métal chinoises pour casser le côté trop apprêté. A l’inverse, lorsqu’elle porte un de ces jeans qu’elle affectionne, elle l’accessoirise de bijoux plus sophistiqués.
Icône de la mode, grande admiratrice des créateurs, Iris cultive aussi son franc-parler : elle ose critiquer l’uniformisation de la mode, le manque d’imagination de certains créateurs, la mauvaise qualité des coupes et des matériaux – mais aussi le conformisme des femmes qui arborent toute la même tenue… Il faut espérer qu’au-delà de son style et de ses goûts singuliers, les fortes leçons d’Iris sur la société et la mode soient entendues !
Pour aller plus loin
Jusqu’au 16 avril, il sera possible de voir dans les vitrines du Bon Marché dix tenues qui ponctuent la » journée parfaite » passée par Iris Apfel à Paris : aux puces, à l’Opéra, sur les bateaux-mouches, en terrasse… Une collection capsule a été réalisée à cette occasion par le Bon Marché, sous la houlette d’Iris. On y trouve son sac fétiche, des lunettes de soleil XXl, un mug, des carnets… et surtout un long sautoir de perles de céramiques émaillées, en rouge, gris ou noir signé Marion Vidal ainsi que quatre bracelets déclinés dans les mêmes teintes par Luc Kieffer .
Exposition « Iris in Paris »
Le Bon Marché Rive Gauche
Vitrines rue de Sèvres et galerie du rez-de-chaussée
24, rue de Sèvres. 75007 Paris.
www.lebonmarche.com
Marion Vidal
www.marionvidal.com
Luc Kieffer
www.luckieffer.fr
Iris, film documentaire que lui a consacré Albert Maysles en 2015.
Rare Bird of Fashion: The Irreverent Iris Apfel
de Eric Boman, 2007. (Livre en Anglais)
The Metropolitan Museum of Art
1000 Fifth Avenue (at 82nd Street), New York, NY 10028.
http://www.metmuseum.org
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