Cartier London – Mise à jour éditoriale à l’occasion de l’exposition Cartier du V&A Museum

Alors que le Victoria and Albert Museum consacre une exposition d’ampleur à Cartier (Cartier, jusqu’au 16 novembre 2025), Property of a Lady souhaite remettre à l’honneur la trilogie d’articles publiée au printemps 2020 et consacrée à Cartier London.

Tiare en aigue-marine Cartier datée de 1937
Tiara, Cartier London, 1937. Cartier Collection. Photography- Vincent Wulveryck for Cartier Collection © Cartier

L’exposition Cartier qui s’est ouverte, la première dédiée à Londres depuis près de trente ans, réunit plus de 350 pièces issues des collections de la maison, de musées internationaux, de la Royal Collection et de prêts privés – dont certains jamais exposés au public. Elle met en lumière un pan essentiel mais parfois méconnu de l’histoire de la maison : l’aventure britannique de Cartier. Car si l’empreinte parisienne est indiscutable, c’est bien à Londres que Cartier a consolidé au début du XXe siècle sa réputation internationale, en développant une clientèle aristocratique fidèle, attirée par un luxe à la fois fastueux et mesuré.

Broche Cartier en platine et diamants de 1941
Brooch, manufactured by Cartier, 1941, London @V&A

En 1904, la maison Cartier reçoit du roi Édouard VII un « Royal Warrant », distinction accordée aux fournisseurs officiels de la Couronne. Deux ans plus tard, Jacques Cartier fonde officiellement la succursale londonienne, d’abord sur Regent Street, puis à l’adresse emblématique de New Bond Street. Très vite, Cartier London s’impose comme un acteur de premier plan. Un atelier est installé dans les étages du bâtiment : plus d’une centaine d’artisans y travaillent sur des commandes locales, inscrivant le style Cartier dans le tissu aristocratique britannique.

Brooch, Cartier London, about 1933. Formerly in the collection of Jacques Cartier family, Cartier Collection.

Le parcours du V&A revient précisément sur ce moment fondateur, en replaçant Cartier London dans le contexte de la société anglaise de l’époque. Il met notamment en valeur le rôle de Jacques Cartier et de son fils Jean-Jacques, qui sut, dès les années 1960, insuffler une audace formelle nouvelle à la filiale – comme en témoigne la montre Crash (1967), née dans l’effervescence des Swinging Sixties.

Montre crash de Cartier 1967
Crash wristwatch, Cartier London, 1967. Cartier Collection. Photography- Vincent Wulveryck for Cartier Collection © Cartier

Parmi les pièces exposées, plusieurs incarnent une élégance résolument britannique : le diadème Scroll (1902), commandé pour la comtesse d’Essex dans le style guirlande, emblématique d’une esthétique néoclassique ; la broche Rose de la princesse Margaret (1938), récemment réattribuée grâce aux archives ; la broche Williamson, montée en 1953 autour d’un diamant rose offert à Elizabeth II pour ses fiançailles ; le bandeau Tutti Frutti (1928), chef-d’œuvre aux influences indiennes et occidentales conjuguées conçu pour Lady Mountbatten ; le diadème de la Duchesse de Manchester (1903), commande transatlantique d’une héritière américaine mariée à un duc anglais, s’impose comme l’une des pièces phares de l’exposition.

Broche Rose en platine et diamants réalisée par Cartier en 1938
Rose clip brooch, Cartier London, special order, 1938. Owned by Princess Margaret, Cartier Collection. Photography: Nils Herrmann for Cartier Collection © Cartier

Une salle entière est consacrée aux diadèmes : l’année 1937, marquée par le couronnement de George VI, fut faste pour Cartier London, qui réalisa un nombre record de diadèmes. Les dessins préparatoires de Frederick Mew, principal designer de la succursale entre les années 1930 et 1950, sont exposés pour la première fois au public.

Le fil rouge de l’exposition, comme le soulignent les commissaires Helen Molesworth et Rachel Garrahan, est cette capacité de Cartier à se réinventer en dialoguant avec les goûts locaux. À Londres, cela signifiait comprendre l’importance du rang, de la retenue et du prestige, tout en intégrant des influences orientales (Inde, Perse, monde islamique) qui s’accordaient au goût anglais pour l’exotisme maîtrisé. Le succès des pièces Tutti Frutti, les commandes des maharajas ou les bijoux transformables en sont autant d’exemples.

Mountbatten Bandeau, Cartier London, 1928 V&A- LOAN-MET ANON.2-1–2005

Ce regard muséal rejoint les recherches engagées par Property of a Lady dès 2020, à travers une trilogie consacrée à Cartier London. À cette occasion, nous avions eu le privilège de recueillir le tout premier entretien en français avec Francesca Cartier Brickell, arrière-petite-fille de Jacques Cartier, à l’occasion de la parution de son livre The Cartiers: The Untold Story of the Family behind the Jewellery Empire. Cet échange inédit demeure une contribution précieuse à la compréhension de l’histoire familiale et créative qui sous-tend l’aventure londonienne de la maison.

Lire ou relire la trilogie :

Francesca Cartier Brickell raconte son arrière grand-père : Jacques Cartier

Cartier Londres au temps des « roaring twenties »

Cartier Londres dans les années 30: Le temps des défis

Informations pratiques :

Exposition Cartier
V&A South Kensington, Cromwell Road, London SW7 2RL
Réservation : vam.ac.uk/exhibitions/cartier&A South Kensington

Panthère clip brooch, Cartier Paris, 1949. Sold to the Duke of Windsor, Cartier Collection. Photography- Nils Herrmann for Cartier Collection © Cartier

 

 

En visuel de « une » : Manchester tiara, Cartier Paris, 1903 @Victoria and Albert museum, London