Les fleurs dans la joaillerie du XIXème au XXIème siècle : une inspiration inépuisable

[section_title title= »Dess(e)in de nature : Chaumet à Saint-Germain-des Prés »]

Marsilea quadrifolia. Joseph Chaumet (1852-1926), atelier de dessin. Projet de broche. lavis et rehauts de gouache sur papier translucide, vers 1910. Collection Chaumet Paris
Lonicera sp. et Dianthus sp. Deux projets de diadèmes : chèvrefeuille et œillet. Joseph Chaumet (1852-1926), atelier de dessin. Crayon graphite, plume et encre grise, lavis d’encre et de gouache, rehauts de gouache sur papier teinté crème, vers 1900. Collection Chaumet Paris

La maison Chaumet présente jusqu’au 14 septembre 2019 (avec une interruption du 15 au 24 juillet) une exposition intitulée « Dess(e)in de nature » dans le charmant hôtel particulier qu’elle occupe jusqu’à début 2010 à Saint-Germain-des-Prés. Placée sous le commissariat de Marc Jeanson, responsable des collections de l’Herbier national au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, l’exposition met en regard les dessins d’atelier et les réalisations joaillières de la Maison. Riche d’un fonds de plus de soixante mille dessins et de photographies prises depuis les années 1890, la Maison a puisé dans les archives de ses différents ateliers pour rendre hommage à une Nature inspiratrice. L’exposition présente aussi quelques maillechorts (un alliage de cuivre, zinc, et nickel employé pour transposer en trois dimensionnels dessins d’atelier avant fabrication) et de très rares pièces de son orfèvrerie.

Si l’Impératrice Joséphine fut une des grandes muses de la maison Chaumet, l’influence majeure de cette exposition est sans conteste Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) dont l’ombre plane sur les dessins d’atelier datés de la fin du XIXème siècle : des observations naturalistes du monde végétal, proches de planches botaniques dont la finesse de trait charme. Marc Jeanson les compare à un « herbier joaillier ».

Au fil du parcours que l’on suit sur trois étages, la nature apparaît sous différents jours : sauvage, ordonnée, puis domestiquée.

Au premier étage, la Nature apparaît dans son état sauvage

Nymphéa blanc, cèdre, chêne, lierre, houx… Une luxuriance végétale imprègne les créations joaillières de Jules Fossin et Joseph Chaumet en cette seconde moitié du XIXème siècle.

Diadème feuilles de chêne. Joseph Chaumet. Laboratoire de photographie, vers 1890-1900. Positif d’un négatif sur plaque de terreau gélatine-bromure d’argent. Collection Chaumet Paris.
Bracelet lierre. Jules Fossin ou Fossin & Fils, 1847. Or, diamants, émail, perles fines.Collection Chaumet paris.

Clin d’oeil aux ouvrages de botanique du XVIIème siècle : un papillon s’immisce dans la végétation

Projet de devant de corsage laurier et papillon. Joseph Chaumet. Atelier de dessin, vers 1890. Plume et encre noire, lavis d’encre et de gouache, rehauts de gouache et de gomme arabique. Collection Chaumet paris.
Broche papillon. Joseph Chaumet. Vers 1890. Or, argent, diamants, rubis. Collection particulière, Paris.

Au deuxième étage, la Nature est « ordonnée »

La profusion du premier étage laisse place à l’étude, à l’analyse des formes et de leurs variations. D’observateur, l’homme devient un ordonnateur du vivant. Roseau à massette ou « roseau des étangs », avoine, blé sont les nouveaux modèles des ateliers qui s’emploient à les restituer méticuleusement sur papier, puis dans leurs bijoux.

Projet de broche blé. Joseph Chaumet. Atelier de dessin, vers 1890. Gouache, lavis et rehauts de gouache. Collection Chaumet Paris.
Diadème épis de blé. François-Regnault Nitot, vers 1810. Or, argent diamants. Collection Chaumet Paris.

Le troisième étage est consacré à une Nature « domestiquée »

Dans cette dernière section, le créateur interprète et stylise les éléments de la nature qu’il a auparavant observés. L’horticulture, le jardin botanique, le jardin à la française et la folle histoire de l’introduction de la tulipe en Europe témoignent de cette appropriation de la nature par l’homme. Feuilles de vigne et grappes de raisins (demi-parure de J-B Fossin 1820-25), acanthes et fleurs de fuchsia stylisées ponctuent les différentes époques, de l’Empire à nos jours sans oublier la Belle Epoque. Le diadème « Vertiges » créé en 2017 par Scott Armstrong souligne l’audace, le dynamisme et la pérennité de la thématique végétale.

Viola arvensis sp. ou Viola ×wittrockiana. Projet de broche « pensée des jardins » Joseph Chaumet (1852-1926), atelier de dessin. Crayon graphite, gouache et rehauts de gouache, lavis d’encre grise et rehauts de gomme arabique sur papier translucide, vers 1890. Collection Chaumet Paris
Horticulture. Cinq projets de grandes broches, oeillet, hellébore, narcisse et primevère. Joseph Chaumet, atelier de dessin, vers 1890. Lavis et rehauts de gouache. Collection Chaumet Paris.
Fleurs d’iris et de pivoine. Joseph Chaumet. Laboratoire de photographie, vers 1900. Positifs de négatifs sur plaque de verre au gélatine-bromure d’argent. Collection Chaumet Paris.
Grand diadème aux brillants de la marquise de Carcano. Joseph Chaumet, vers 1910. Les enroulements végétaux ajourés représentent des feuilles d’acanthe, feuillage classique dans l’ornementation depuis l’Antiquité. Bertrand Bonnet-Besse, ambassadeur de la Maison, fait observer aux visiteurs de l’exposition que les grilles de fer des balcons jouxtant la vitrine du diadème reproduisent les mêmes volutes !
Diadème aux fuchsias dit Bourbon-Parme. Commandé par le duc de Doudeauville à l’occasion du mariage de sa fille Hedwige de la Rochefoucauld-Doudeauville. Joseph Chaumet, 1919. Platine, diamants. Collection Chaumet Paris.
Diadème Vertiges. Scott Armstrong pour Chaumet, 2017. Or blanc, diamants, tourmaline, grenats. Collection Chaumet Paris.

Dess(e)in de nature
Du 19 avril au 15 juin, puis du 24 juillet jusqu’au 14 septembre 2019.
Exposition gratuite, du lundi au samedi de 10h à 18h (réservation recommandée).
Plus d’informations et réservations sur www.chaumet.com
165, Boulevard Saint-Germain. 75006 Paris.

Chaumet, Flammarion, avril 2017.