Suzanne Belperron, histoire d’une consécration. Entretien avec Olivier Baroin.
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« Suzanne Belperron est la créatrice de bijoux la plus talentueuse et la plus influente du XXe siècle » : c’est en ces termes que David Bennett, aujourd’hui Président mondial de la division joaillerie internationale chez Sotheby’s, ouvrait la vente-évènement du 14 mai 2012 à Genève qui présentait « la collection personnelle de l’un des plus grands joailliers du XXème siècle : Suzanne Belperron (1900‐1983) ».
Cette vente comportait soixante lots, qui tous ont été vendus – et pour la plupart à des prix exceptionnels, en moyenne trois fois plus que leur estimation.


Le 5 décembre dernier, lors de la vente Magnificent Jewels de Christie’s à New York, un bracelet « tube » en platine et or gris 18 carats orné de diamants taille ancienne s’est envolé pour 852 500 $, alors qu’il était estimé entre 200 000 et 300 000$. Ce bijou exceptionnel fut créé en 1935, ainsi qu’en témoigne un document contresigné de la main de la créatrice provenant des archives personnelles de Suzanne Belperron conservées par Olivier Baroin. La cote des créations de Suzanne Belperron la place aujourd’hui au rang des plus grands noms de la joaillerie – Cartier, Van Cleef & Arpels, Boucheron, Chaumet … et les collectionneurs de ses œuvres font monter les enchères à des prix records.


Cette consécration est le fruit d’un long parcours.
Reconnue, admirée et très sollicitée de son vivant, Suzanne Belperron est brièvement tombée dans l’oubli après sa mort. Son nom a ressurgi quelques années plus tard lors de deux ventes majeures :
- celle de la collection de bijoux de la Duchesse de Windsor, chez Sotheby’s à Genève les 2 et 3 avril 1987, dans laquelle figuraient seize pièces Belperron.




- Puis, dans la très belle vente de Pierre Bergé & Associés du 17 mai 2004 à Genève qui présentait soixante-deux lots sous le titre « Créations de Suzanne Belperron ».


Mais c’est véritablement en décembre 2007, avec la découverte des archives personnelles de la créatrice par Olivier Baroin, puis avec la publication de son livre Suzanne Belperron co-écrit avec Sylvie Raulet et paru en août 2011, que le travail de la créatrice a retrouvé ses lettres de noblesse. Depuis quelques années, les maisons de vente aux enchères s’enorgueillissent de présenter des pièces Belperron ; car toutes soulignent le style unique, l’âme d’artiste, de cette grande dame de la joaillerie du XXème siècle.
Si la vie de Suzanne Belperron fut passionnante, sa postérité l’est tout autant. De la rocambolesque découverte de ses archives personnelles que l’on croyait brûlées, aux fortes tensions dans la réattribution de ses œuvres, des différends transatlantiques dans la succession de son héritage artistique, à sa cote qui enflamme les enchères, le nom de Suzanne Belperron n’est pas près d’être oublié une seconde fois.
Nous avons interviewé Olivier Baroin, expert de l’œuvre de Suzanne Belperron afin qu’il nous explique comment cette artiste célèbre en son temps puis oubliée est devenue une référence dans les salles de vente.