Suzanne Belperron, histoire d’une consécration. Entretien avec Olivier Baroin.

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« Suzanne Belperron est la créatrice de bijoux la plus talentueuse et la plus influente du XXe siècle » : c’est en ces termes que David Bennett, aujourd’hui Président mondial de la division joaillerie internationale chez Sotheby’s, ouvrait la vente-évènement du 14 mai 2012 à Genève qui présentait « la collection personnelle de l’un des plus grands joailliers du XXème siècle : Suzanne Belperron (1900‐1983) ».

Cette vente comportait soixante lots, qui tous ont été vendus – et pour la plupart à des prix exceptionnels, en moyenne trois fois plus que leur estimation.

 

BIJOUX DE LA COLLECTION PERSONNELLE DE SUZANNE BELPERRON. Sotheby’s. Lot 59. Broche montée sur or gris et platine à décor d’enroulements, en cristal de roche et diamant, Suzanne Belperron, 1932 – 1955. Poinçon Groëne et Darde. Estimation 45 000 – 72 000 CHF (37 537 – 60 060 EUR). Prix de vente : 302 500 CHF (252 335 EUR). Une pièce au design emblématique, innovant et avant-gardiste, que la créatrice aimait à porter. Le prix de vente a quadruplé l’estimation haute.

 

BIJOUX DE LA COLLECTION PERSONNELLE DE SUZANNE BELPERRON/ Sotheby’s. Lot 60. Bague en cristal de roche et diamant, circa 1935. Cette bague est ornée d’un diamant taille marquise (ou navette) d’environ 12 carats (sans poinçon). taille 45 1⁄2 Estimée entre 45,000 et 72,000 CHF, elle a été vendue 464,500 CHF (506,000$), soit plus de 6 fois son estimation haute. Ce fut la pièce la plus chère de la vente. Acquise par la prestigieuse maison Siegelson, cette pièce fut ensuite présentée à l’automne 2012 lors de la Biennale des Antiquaires à Paris au prix de 921.500 $. Le parcours de cette bague atteste la reconnaissance de sa valeur esthétique et de son caractère emblématique de l’art de Belperron.

Le 5 décembre dernier, lors de la vente Magnificent Jewels de Christie’s à New York, un bracelet « tube » en platine et or gris 18 carats orné de diamants taille ancienne s’est envolé pour 852 500 $, alors qu’il était estimé entre 200 000 et 300 000$. Ce bijou exceptionnel fut créé en 1935, ainsi qu’en témoigne un document contresigné de la main de la créatrice provenant des archives personnelles de Suzanne Belperron conservées par Olivier Baroin. La cote des créations de Suzanne Belperron la place aujourd’hui au rang des plus grands noms de la joaillerie – Cartier, Van Cleef & Arpels, Boucheron, Chaumet … et les collectionneurs de ses œuvres font monter les enchères à des prix records.

Vogue français, février 1948. Il s’agit d’une des premières annonces publiées après la création de la société Jean Herz – Suzanne Belperron dans les années d’après-guerre.
Un document précieux, issu des archives personnelles de la créatrice, sur lequel Suzanne Belperron a noté la date de création de ce bijou, 1935, et qu’elle a contresigné de ses initiales. Archives Olivier Baroin.

Cette consécration est le fruit d’un long parcours.

Reconnue, admirée et très sollicitée de son vivant, Suzanne Belperron est brièvement tombée dans l’oubli après sa mort. Son nom a ressurgi quelques années plus tard lors de deux ventes majeures :

  • celle de la collection de bijoux de la Duchesse de Windsor, chez Sotheby’s à Genève les 2 et 3 avril 1987, dans laquelle figuraient seize pièces Belperron.
La duchesse de Windsor portant son collier de deux rangs de boules de calcédoine bleues reliées par deux feuilles en calcédoine, saphirs cabochons et diamants. Par la suite la duchesse fera transformer ce collier en remplaçant les deux feuilles par un fermoir (transformable en broche) en forme de fleur dont le coeur est orné de saphirs cabochons et de diamants. Deux bracelets en calcédoine bleue complétaient cette parure. Photo archive Olivier Baroin.
Dessin original du projet de la parure en calcédoine la duchesse de Windsor. Archives Olivier Baroin.
Lors de la vente de Sotheby’s en avril 1987, le collier, lot 104, fut adjugé 183,000 $. La paire de manchette, lot 103, s’envola pour 146,000$. Dix-sept ans plus tard, le collier et la paire de bracelets furent présentés à nouveau dans la vente Christie’s « Magnificent Jewels & Jewels of Style, Personal Collection » qui eut lieu à New York le 12 October 2004. Les prix de vente furent alors inférieurs à ceux de 1987; le collier réalisa 119,500$ et les bracelets 117,110 $. Cet ensemble est apparu une troisième fois lors de la vente Sotheby’s du 9 décembre 2015 durant laquelle la créatrice avait retrouvé une cote élevée. Le collier, lot 459, fut adjugé 430,000$ et la paire de bracelets, lot 458, 526,000$. Il est amusant de constater que la paire de manchette fut lors de cette dernière vente estimée, et vendue, plus chère que le collier. Probablement est-ce en raison de l’évolution du goût et des modes de l’époque. Les provenances indiquent pour propriétaires successifs lors de ces trois ventes : la duchesse de Windsor, Fred Leighton et Lee Siegelson. Aujourd’hui le collier est dans une collection privée. Photos Sotheby’s 2015.
La duchesse de Windsor porte son clip Fleur en calcédoine, saphirs et diamants. Photo Cecil Beaton Studio 1937. Sotheby’s. Livre Oliver Baroin page 278.
  • Puis, dans la très belle vente de Pierre Bergé & Associés du 17 mai 2004 à Genève qui présentait soixante-deux lots sous le titre « Créations de Suzanne Belperron ».
« Créations Suzanne Belperron ». PB&A, Genève, 17 mai 2004. Lot 226. Clip de revers éventail en agate bleue sculptée en gradins bordés de saphirs calibrés. Au centre un cabochon de saphir en sertissure (égrisure). Monture en or et platine. Poinçon de Groëne & Darde.
« Créations Suzanne Belperron » . PB&A. Lot 279. Bracelet manchette portant un grand clip en forme d’ammonite amovible entièrement pavé de diamants brillantés et baguette. Tour de bras à deux corps à mouvement tournant. Poinçon de Groëne & Darde.

Mais c’est véritablement en décembre 2007, avec la découverte des archives personnelles de la créatrice par Olivier Baroin, puis avec la publication de son livre Suzanne Belperron co-écrit avec Sylvie Raulet et paru en août 2011, que le travail de la créatrice a retrouvé ses lettres de noblesse. Depuis quelques années, les maisons de vente aux enchères s’enorgueillissent de présenter des pièces Belperron ; car toutes soulignent le style unique, l’âme d’artiste, de cette grande dame de la joaillerie du XXème siècle.

Si la vie de Suzanne Belperron fut passionnante, sa postérité l’est tout autant. De la rocambolesque découverte de ses archives personnelles que l’on croyait brûlées, aux fortes tensions dans la réattribution de ses œuvres, des différends transatlantiques dans la succession de son héritage artistique, à sa cote qui enflamme les enchères, le nom de Suzanne Belperron n’est pas près d’être oublié une seconde fois.

Nous avons interviewé Olivier Baroin, expert de l’œuvre de Suzanne Belperron afin qu’il nous explique comment cette artiste célèbre en son temps puis oubliée est devenue une référence dans les salles de vente.

 

Genèse, vie et postérité d’un style singulier

Suzanne Belperron : jalons d’une vie

Madeleine Suzanne Vuillerme de son nom de jeune fille naquit le 26 septembre 1900 dans le Jura. A 18 ans elle reçut le 1er prix de l’Ecole des Beaux-Arts de Besançon et vint s’installer à Paris. En mars 1919, elle fut engagée comme modéliste-dessinatrice par Jeanne Boivin, veuve de René Boivin qui dirigeait la maison éponyme.

Cinq ans plus tard, elle devenait codirectrice de la maison Boivin. La même année, elle épousa Jean Belperron (1898-1970), un ingénieur originaire comme elle de Besançon, dont elle prit le patronyme. Le couple n’eut pas d’enfant.

Aguttes, juin 2017. Lot 81. Bague « Yin yang » en or jaune. Le certificat atteste qu’il s’agit d’une création de Suzanne Belperron commandée en nov 1964. Dans les archives cette bague est décrite par Suzanne Belperron « Bague or fin deux crosses comme la mienne ». Créée en 1923, cette bague n’est autre que celle que la jeune et déjà très talentueuse Suzanne Belperron – alors encore Vuillerme – s’est dessinée pour ses propres fiançailles avec Jean Belperron. Estimation : 7 000 – 10 000 €. Résultat avec frais : 43 350 €.

En 1932, Suzanne quitta la Maison Boivin pour rejoindre Bernard Herz, grand négociant en perles fines et pierres précieuses, en tant que directrice artistique et technique de la Société Bernard Herz jusqu’en 1940.

Vogue Paris, septembre 1933. Archive Claudine Seroussi

Au début de la seconde guerre mondiale, peu avant les lois antisémites de Vichy, et à la demande de Bernard Herz, elle racheta sa société et créa la Société Suzanne Belperron SARL (1941-1945). En 1943, Bernard Herz fut déporté en Allemagne, d’où il ne revint pas.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, en 1946, elle accueillit Jean, le fils de Bernard Herz, lui offrant – en mémoire de son père Bernard auquel elle vouait une profonde affection- la cogérance d’une société constituée à parts égales, alors baptisée « Jean Herz Suzanne Belperron ». Suzanne Belperron assuma la direction, tant artistique que financière, de ladite Société jusqu’à la liquidation de celle-ci le 31 décembre 1974.

Des années 1930 aux années 1970, Suzanne Belperron créa sans interruption et sans jamais vouloir s’associer avec une autre maison. Sa renommée de son vivant fut grande en France et à l’étranger. Elle fut élevée au rang de Chevalier de la Légion d’honneur en 1963 en sa qualité de « créatrice joaillière ».

Archives personnelles de la créatrice. Olivier Baroin.

Après son retrait, elle continua à exercer son art uniquement pour des proches. Elle s’est éteinte à Paris le 28 mars 1983. Elle avait quatre-vingt-deux ans.

Quelques considérations sur le style Belperron

Ses créations reflètent un style tout à fait personnel, « une signature », alors même que la créatrice ne signa jamais aucune de ses pièces. « Mon style, c’est ma signature », disait-elle dans une formule restée fameuse.

Broche en argent, agate blanche et perles Mabé grises à décor naturaliste stylisé qui faisait partie d’un ensemble avec boucles d’oreilles et bague. Une pièce emblématique de l’oeuvre de l’artiste. Poinçon Groëne et Darde. Collection particulière. Sotheby’s / Olivier Baroin p.252.

Les bijoux Belperron se caractérisent bien souvent par le choix audacieux pour son temps d’associer des pierres précieuses ou perles fines à des pierres fines ou ornementales. Ainsi, Suzanne Belperron n’hésitait pas à marier saphirs et calcédoine, diamants et cristal de roche, ou bien de l’argent avec des hématites ou avec une améthyste encadrée de chrysoprases.

Aguttes. Octobre 2018. Bague dite d’évêque. Lot 82 Estimation : 8 000 – 10 000 €. Résultats avec frais : 75 000 €. Importante chevalière moderniste en argent (<800) sertie d’une améthyste taillée à degrés et suiffée rehaussée sur les quatre faces du corps de la bague de lignes décroissantes de cabochons de chrysoprases rectangulaires. Poinçon de maître Groené and Darde. Création de Suzanne Belperron entre 1933 et 1937. « cette bague est une pièce jamais vue auparavant. Le poinçon date de la toute première période; des bagues de cette époque-là sont rares sur le marché. La matière première n’est pas des plus précieuses, mais la créativité pour l’époque est remarquable et confère à cette pièce toute sa valeur ».

Ces mélanges de couleurs et de matières (transparent, translucide, opaque) engendraient des jeux de lumière particulièrement originaux. Cependant, Suzanne Belperron créa aussi des pièces qu’on pourrait qualifier de « haute-joaillerie » puisqu’elles étaient uniquement composées de matériaux précieux.

Christie’s, Paris, le 24 novembre 2011. Lot 275. Bracelet tourmalines émeraudes péridots béryls et saphirs de couleur. Estimation : 80,000 – 120,000€ Prix réalisé : 247,000€ Poinçon de Darde & Fils. Mise en vente après la sortie événement du livre Suzanne Belperron, cette pièce fait partie des « records » de vente Belperron.

Une autre caractéristique du travail de cette avant-gardiste, ce sont des volumes qui frôlent parfois la démesure. Toutefois, précise Olivier Baroin, « même si le bijou se veut parfois un peu exubérant, il n’en demeure pas moins élégant. La créativité de Madame Belperron n’outrepasse jamais la limite du bon goût ». Et il ajoute : « son œuvre se traduit par des bijoux graphiques et purs, mais surtout sensuels, pour ne pas dire charnels ».

Aguttes. Vente de juin 2018. Lot 122. Grande broche « papillon » articulée en or jaune 18k (750) et platine (950). Vers 1940. Les deux ailes supérieures sont serties de cabochons d’émeraudes dans un pavage de diamants, les ailes inférieures serties de lignes de diamants baguettes et d’émeraudes calibrées, le corps et les antennes rehaussés de brillants. Les ailes sont articulées grâce à un système de rotules. Poinçons de maître Groene et Darde. Largeur des ailes déployées: env 13.5 cm. Pb: 98.7gr. Estimation : 35 000 – 50 000 €. Résultats avec frais : 303 460 € . Dans les archives de Suzanne Belperron, un mot de Colette accompagnait le recueil Splendeur des papillons qu’elle avait publié en 1936 aux éditions Plon. Dans ce courrier du 4 mars 1937, elle remerciait en ces termes celle qui allait devenir une amie: « Chère Madame, La bague bleue est très jolie, merci. Peut-être un jour vos demanderai-je d’en enlever en hauteur, on verra bien. J’attends le petit clip. Et je vous envoie mon souvenir bien sympathique. Colette ».

Ce style suscita l’engouement au-delà du monde des connaisseurs en joaillerie. Ainsi, Suzanne Belperron fut une des premières créatrices de joaillerie à obtenir des parutions dans les magazines de mode, tels Harper’s Bazaar ou Vogue. Dès 1933, Elsa Schiaparelli posait dans Vogue parée de bijoux Belperron. Les bijoux de Suzanne Belperron magnifiaient les tenues de créateurs de mode – au point que ces derniers craignaient parfois de voir leurs créations reléguées au second plan !

Une créatrice pour « happy few »

 Sa clientèle était très variée. Elle comprenait des membres des familles royales et de l’aristocratie européenne, de riches banquiers et industriels, mais aussi des acteurs, des artistes et des écrivains. Ses cahiers de commande personnels attestent qu’elle reçut le Duc et la Duchesse de Windsor, Colette, Jean Cocteau, Nina Ricci, Jeanne Lanvin, Elsa Schiaparelli, Gary Cooper, la bégum Aga Khan, la baronne de Rothschild, Daisy Fellowes, la cantatrice Ganna Walska ou Merle Oberon, la ravissante héroïne des Hauts de Hurlevent, pour n’en citer que quelques-uns !

Aujourd’hui encore, ses créations restent méconnues du grand public. Depuis une dizaine d’années, cependant, elles sont très recherchées des marchands d’art, des professionnels du monde joaillier et des collectionneurs avertis.

Philippine Dupré La Tour, directrice du département bijoux et horlogerie chez Aguttes, explique que les bijoux Belperron occupent une place particulière dans ses expertises car bien souvent les clients qui lui soumettent une pièce Belperron ne soupçonnent pas sa valeur. « C’est donc un double plaisir : celui de voir ces bijoux et celui de les révéler ».

Aguttes. Octobre 2017. Lot 114. Bague à gradins géométriques en argent (<800) ornée au centre de trois hématites de forme pyramidale. Le certificat de cette pièce atteste qu’il s’agit d’une création de Suzanne Belperron avant 1935. Ce type de création apparait très tôt dans l’oeuvre de la créatrice alors même qu’elle travaillait encore chez René Boivin. Il s’agit d’une production réalisée à la main. Estimation : 4 000 – 5 000 €. Résultats avec frais : 48 450 €.

Aujourd’hui les acquéreurs de pièce Belperron relèvent d’un nouvel élitisme. Olivier Baroin constate que ce sont des acheteurs qui sont influencés plus par le design du bijou que par sa valeur intrinsèque. « Les collectionneurs qui apprécient les pièces Belperron n’ont pas besoin que leur bijou soit serti de diamants, ceux qui reconnaissent son style savent son importance ».

Durant les ventes aux enchères, les acheteurs se trompent rarement ; les pièces qui se vendent le plus cher sont celles qui sont les plus emblématiques de l’esprit Belperron. Karl Lagerfeld, qui figure parmi les plus grands collectionneurs de bijoux Belperron, résume cela ainsi : « Un bijou Belperron, ça se reconnaît tout de suite. C’est un esprit. »

Christie’s, Paris, vente « Fine Jewels » du 4 décembre 2018. Lot 253. Bracelet en perles fines, perles de culture, onyx, émail et diamants. 26 Perles fines et 69 perles de culture, billes d’onyx, émail noir, diamants ronds et diamants carrés, platine (850) et or 18K (750), poinçons français, circa 1940, 16.2 cm. Estimation : 30,000–40,000€. Prix réalisé : 122,500€

 

Olivier Baroin et la deuxième naissance de Suzanne Belperron

 Comment est née cette « filiation » entre Madame Belperron et vous ?

 Par un incroyable coup du destin !

Je suis joaillier depuis 1987 et expert en bijoux anciens depuis 2001. A cette époque j’avais déjà une grande admiration pour Suzanne Belperron dont je connaissais le travail grâce à mon amie Miriam Mellini, négociante en perles, passionnée de bijoux anciens et fervent amateur de Suzanne Belperron.

Un jour de décembre 2007, alors que j’étais en train d’ébaucher un projet devant un client, ce dernier me regarde et me dit : « c’est amusant de vous voir dessiner ainsi, mon père vient d’hériter d’une dessinatrice de bijoux ». J’osais demander le nom de cette dessinatrice. Le client me répondit, manifestement incertain : « peut-être Josiane Duperron ». Mon sang ne fit qu’un tour et, très calmement, je l’interrogeai : « Êtes-vous certain ? Ne serait-ce pas plutôt Suzanne Belperron ? ».

A l’époque, nous pensions que Suzanne Belperron avait brûlé ses archives de son vivant « Her life is veiled in mystery – she burned her papers before she died », ainsi que l’expliquait Ward Landrigan au New York Times en aôut 1998.

Mon client m’a proposé de passer visiter dès le lendemain, au pied de la butte Montmartre, le pied à terre qui n’avait presque pas été ouvert depuis vingt-quatre ans et dans lequel étaient entreposées toutes les affaires de Madame Belperron. Je m’y suis rendu très tôt le matin, avant que les brocanteurs ne viennent vider les lieux, puisqu’un commissaire-priseur avait certifié à l’héritier que tout cela ne valait rien !

Je n’avais pas idée moi-même de ce que cela valait, mais je soupçonnais que ce que ce petit appartement renfermait était inestimable. Et à juste titre… il y avait là toute la vie de cette femme entreposée pêle-mêle : ses décors d’appartement, dont un salon semble-t-il dessiné par son ami Marcel Coard, décorateur et ensemblier des années 30, ses services de table, ses nappes, beaucoup d’art asiatique … l’ensemble recouvert d’une épaisse couche de poussière !

Nous avons fait un inventaire des biens, puis nous avons trouvé un accord sur le rachat des affaires personnelles de Suzanne Belperron. L’héritier était un grand Monsieur, un homme de parole très droit et très loyal, féru d’art, lui-même venant d’une famille d’artistes-peintres. Une fois qu’il eût réalisé qui était Suzanne Belperron, et fort admiratif des pièces qu’il avait vues, il souhaita que Suzanne Belperron, qui était alors quelque peu oubliée, bénéficie d’une reconnaissance nouvelle. C’est cet homme, héritier du légataire testamentaire de Madame Belperron, qui m’a suggéré d’écrire un livre sur son œuvre. Autant dire que nous lui devons beaucoup.

Il s’est éteint quelques jours après la vente de l’écrin personnel de Suzanne Belperron qui eut lieu à Genève le 14 mai 2012, rassuré quant à la pérennité de l’œuvre de la créatrice. Auparavant, il avait lu avec une infinie attention mon livre co-écrit avec Sylvie Raulet, intitulé Suzanne Belperron, qui était paru en août 2011.

C’est une histoire très romanesque !

En effet, les chances étaient infimes que je tombe sur les affaires personnelles de Suzanne Belperron ! D’ailleurs, la fille de l’héritier souhaiterait un jour pouvoir réaliser un film retraçant sa vie, son parcours. Il y a tant à raconter : son histoire personnelle, son génie créatif, ses clientes célèbres, sa succession, la découverte des archives personnelles, la reconnaissance dont elle jouit aujourd’hui et bien plus encore…

Lorsque vous avez redécouvert les archives personnelles de Suzanne Belperron, en décembre 2007, cela faisait vingt-quatre ans que la créatrice avait cessé son activité. Que restait-il de son œuvre ?

Suzanne Belperron a officiellement cessé son activité en 1975, mais en réalité elle a continué à travailler pour ses meilleures clientes ou pour des amies quasiment jusqu’à son décès en mars 1983.

Une fois acquises ses archives personnelles, j’ai débuté par un important travail d’enquête : il m’a fallu remonter la trace des bijoux, parcourir les maisons de vente, et je me suis rendu compte que 90% des bijoux de Suzanne Belperron ne lui était pas attribués, quelle que soit la période à laquelle ils avaient été faits. La personne qui faisait autorité sur les expertises de la maison René Boivin ne faisait pratiquement aucune distinction entre Boivin et Belperron. Partant du postulat que Suzanne Belperron avait débuté sa carrière chez Boivin comme « jeune vendeuse » (sic) avant d’évoluer sous la houlette de Jeanne Boivin, les certificats n’établissaient pas de différence entre son travail chez Boivin, Maison dans laquelle elle avait œuvré de 1919 à 1932, et les quarante années suivantes de sa carrière.

Aujourd’hui il est avéré que Suzanne Vuillerme, après avoir obtenu le premier prix de l’Ecole municipale des Beaux-Arts de Besançon avec un décor en champlevé sur une montre, est entrée chez René Boivin en 1919 non pas comme « jeune vendeuse » mais en tant que « modéliste-dessinatrice » avant de devenir dès 1924 co-directrice de la Maison et d’épouser Jean Belperron.

Dessin de l’Ecole des Beaux-Arts de Besançon. Archives Olivier Baroin.

Il est également reconnu que la Maison René Boivin, avant l’arrivée de Suzanne Belperron, était un fabricant, qui travaillait en tant que sous-traitant pour toutes les maisons de joaillerie. C’était un atelier familial, qui avait racheté d’autres ateliers parisiens à la fin du XIXème siècle, d’afin de se doter des meilleurs ouvriers et d’un équipement performant.

Archives Boucheron 1912. Crédit photo : Olivier Baroin.

Par exemple ces trois photos de colliers de facture relativement classique (suite de sertissures endiamantées et perles fines) ont été fabriqués en 1912 par la maison René Boivin pour Boucheron. Je suis très reconnaissant à mon amie Claudine Sablier, conservateur des archives de la maison Boucheron de m’avoir transmis ces documents. S’il est vrai qu’en 1912, René Boivin s’installa au 27 rue des Pyramides, avec des salons de réception qui jouxtaient ses ateliers, il n’en demeure pas moins que la maison s’est véritablement pourvue d’une notoriété de créateur seulement après l’arrivée de Suzanne Belperron. En témoigne une lettre de Jeanne Boivin de novembre 1923 que Suzanne Belperron conservait précieusement où il est écrit que Suzanne « est maintenant une force active nécessaire et tient une grande place dans la vie artistique de la maison René Boivin ». Ainsi, je mets quiconque au défi de me présenter les œuvres modernistes de Monsieur Boivin créateur!

Lettre de Jeanne Boivin à Madame Vuillerme, mère de Suzanne, datée de novembre 1923. Archives personnelles de la créatrice. Olivier Baroin.
Extrait de la lettre citée ci-dessus.

Comment s’est effectué votre travail de réhabilitation de l’œuvre de Suzanne Belperron ?

De nombreuses personnes au sein des Maisons de vente m’ont aidé dans mon travail d’enquête, et particulièrement la maison Aguttes. Philippine Dupré la Tour a accepté de contacter certains de ses clients « vendeurs » – si toutefois un bijou me semblait pouvoir être de la main de Suzanne Belperron – afin de leur demander s’ils accepteraient de nous donner les noms de leurs aïeux à l’origine d’achats chez René Boivin ou Suzanne Belperron.

Cela m’a permis de rechercher dans ses archives personnelles pour voir si je retrouvais la famille du vendeur. J’ai pu ainsi remonter le temps. Je me suis alors rendu compte que de nombreux bijoux vendus sous le nom de Boivin s’avéraient être des pièces commandées chez Suzanne Belperron par la famille du vendeur après 1932.

Je suis reconnaissant à Philippine Dupré La Tour de sa coopération comme de sa confiance – les maisons de vente sont généralement assez secrètes. David Bennett m’a également énormément aidé, il a tout de suite cru au projet du livre et Sotheby’s a mis à disposition ses studios photos partout dans le monde afin que les propriétaires de bijoux Belperron puissent venir les faire répertorier, estimer et photographier. J’en suis très reconnaissant à  David Bennett comme à Claire de Truchis-Lauriston qui dirigeait alors le département joaillerie à Paris. Ils ont eu le courage, la force, de prendre ce risque, alors que d’autres auraient redouté de déstabiliser le marché. Sotheby’s a d’ailleurs été d’un grand soutien pour le livre.

Après la découverte des cahiers de commande personnels de la créatrice, vous pouviez authentifier formellement ses pièces. La cote de Belperron sur le marché des enchères en a-t-elle été réévaluée ?

Lors de la sortie de mon livre, le monde joaillier et les maisons de vente en particulier ont pris conscience que Suzanne Belperron et son légataire universel avaient préservé les archives, constituée d’une vingtaine de cahiers de commande personnels que Suzanne Belperron tenait pour elle-même depuis 1937, dans lesquels on compte 6730 clients et près de 45 000 rendez-vous !

En conséquence, il devenait possible d’attribuer les pièces en bonne et due forme si l’on avait le nom de famille des commanditaires. Les cahiers d’archives s’arrêtent en 1974, mais après, entre 1974 et 1983, diverses lettres témoignent du fait que Suzanne Belperron est restée active.

Je me suis attelé à un travail de transparence en remontant à l’origine des commandes, afin de réhabiliter l’œuvre de Suzanne Belperron et de lui réattribuer les pièces qu’elle avait créées pendant cinquante ans. Mes certificats ont fini par clarifier le marché des ventes aux enchères pour Belperron. Sa cote est croissante et les prix d’adjudication voisinent avec ceux des plus grandes maisons de joaillerie.

Aguttes. Décembre 2017. Lot 83. Paire de pendants d’oreilles en or gris 18k (750) composés d’une chute de demi sphères en cristal de roche dépoli soulignées d’un filet en platine serti de diamants et retenant en pampille une perle fine en goutte. Il s’agit d’une création de Suzanne Belperron d’avant 1935. Ce type de création apparait très tôt dans son œuvre alors qu’elle travaillait chez René Boivin (1919/1932). Estimation : 15 000 – 20 000 €. Résultats avec frais : 255 000 €. Et, lot 84. Broche en platine (950) et or gris 18k (750) « feuilles » serties de diamants taille ancienne. Création commandée le 14 janvier 1946 d’après les archives. Estimation : 6 000 – 8 000 €. Résultats avec frais : 45 900 €

Comment authentifier un bijou Suzanne Belperron ?

Suzanne Belperron n’a jamais signé aucune de ses créations, que ce soit chez René Boivin ou chez Herz lorsqu’elle était seule décideuse et créatrice à part entière.

En un premier temps j’étais particulièrement vigilant ! En effet, sans preuve factuelle, formelle et sans trace de commande écrite, dans le doute je m’abstenais. Au fil du temps, sachant que je possède beaucoup d’éléments : des maquettes d’atelier, des plâtres, des dessins et des esquisses, des photos et articles de presse contresignés de sa main et bien entendu les cahiers de commande personnels, j’ai réussi à faire des recoupements. Mon œil était formé par les vingt années que j’avais passées en atelier. En tant que joaillier, je suis familier de la fabrication des bijoux ; je sais comment un bijou est bâté, monté, ajusté etc…

Mais ce sont surtout les années, l’expérience d’authentification des pièces  – j’en ai répertorié, répertorié et encore répertorié! – qui m’ont permis d’affiner mon expertise.

Broche en argent et cristal de roche grappe de raisin stylisée, ponctuée d’un dégradé de saphirs bleus de différentes formes. Poinçon Groëné et Darde. Collection privée. Olivier Baroin p.122.

Au tout début, la qualité de fabrication de certaines pièces se rapprochait presque plus du bijou fantaisie, avec un travail fait sur de l’argent, que de la haute-joaillerie, même si je dois préciser qu’à l’époque les bijoux fantaisie étaient très bien faits.

 

Eve, vente du 7 décembre 2018, Paris. Lot 794. Clip de revers en agate blonde à décor de godrons sertis de trois perles probablement fines. Monture en or gris (750) et argent (800). Vers 1935. Estimation : 2000-3000€. Prix d’adjudication : 22 000€.

Après-guerre, entre 1942 et 1955, on remonte en qualité de production avec un apogée dans les années 50. Tous les bijoux sont alors réalisés à la main à partir de bâtes, de plaques et de fils.

Deux vues, supérieure puis intérieure de la bague « Toit » en platine pavé de diamants sur trois rangs. Collection particulière. Olivier Baroin p.298

Ensuite, entre 1955 et 1970 les techniques de fabrication évoluent, la qualité de production n’est plus la même mais ce n’est pas forcément lié à un moins bon travail des ouvriers-joailliers. La fonte à cire perdue envahit le marché et la production s’accélère. On entre dans une nouvelle ère d’industrialisation du bijou. Les bijoux Belperron sont encore réalisés partiellement à la main, mais aussi en fonte.

Les années 70-80 sont plus faciles en terme de réalisation, mais quelques modèles non réalisables en fonte à cire perdue restent entièrement faits main.

Dès 1932, l’atelier Groëné et Darde a été le fabricant exclusif de Suzanne Belperron et il l’est resté jusqu’au bout. Les différents poinçons permettent de dater approximativement les créations de Suzanne Belperron et du moins, de les authentifier.

    • De 1928 à 1955, la société porte le nom de Groëné et Darde (Emile Darde et Maurice Groëné). Le poinçon présente les initiales GD surmontées de Ste dans lesquelles s’intercale une fleur de lys.
    • De 1955 à 1970, elle prend le nom de société́ Darde et Fils (Emile Darde et son fils Michel). Le poinçon montre les initiales DF avec au centre une fleur de lys.
    • De 1970 à 1974, elle devient la société Darde et Compagnie (Michel Darde) et a pour poinçon l’initiale D suivie d’une fleur de lys, surmontée de Ste, elle-même suivie des initiales CIE.
Ensemble de broches Camélia en agate blanche taillée, au coeur en rubis cabochons et diamants. Chef d’oeuvre de délicatesse d’Adrien Louart. Collection particulière. Olivier Baroin p.199.

Dans les cas où l’on ne dispose pas dans les archives de trace d’une commande, seule l’extraordinaire habileté du lapidaire Adrien Louart (1890-1989) à qui Suzanne Belperron faisait sculpter ses gemmes permet d’authentifier les créations Belperron, même si les bijoux ne sont pas signés du fait de leur matière elle-même.

Bracelet en cristal de roche ponctué de trois diamants. Ce bracelet est un des exemplaires de la paire sculptée par Adrien Louart. Collection particulière. Olivier Baroin p. 62

Qu’en est-il des certificats ?

Lorsqu’en septembre 2008 j’ai acquis l’ensemble des archives découvertes l’année précédente à Montmartre, le dernier légataire universel m’a mandaté pour pérenniser « l’avenir de l’expertise de toute l’œuvre réalisée par Madame Suzanne Belperron ».

C’est ainsi que j’ai commencé à authentifier les bijoux pour Sotheby’s, Aguttes, Artcurial, et tant d’autres maisons de vente…

Aujourd’hui, j’établis les certificats (ou de simples attestations lorsque j’ai l’intime conviction qu’un bijou a été créé par Suzanne Belperron, mais que je n’en ai pas la preuve formelle dans les archives !) pour la majorité des collectionneurs et des maisons de vente, y compris des maisons de vente américaines dont Fortuna dernièrement. Certains me considèrent parfois comme le gardien du temple, je dirais plutôt le gardien de la mémoire de Madame Belperron d’autant que je ne me consacre désormais pratiquement plus qu’à son œuvre.

Exemple de certificat d’origine réalisé par Olivier Baroin.

 

Portfolio : les plus belles pièces Belperron passées en vente ces dernières années

Suzanne Belperron occupe une place à part sur le marché de la joaillerie. Dans l’ensemble, les bijoux Belperron atteignent des sommets dans les ventes aux enchères, mais en réalité, il n’y a pas de standard de marché applicable à Belperron.Les acheteurs se déterminent pièce par pièce, selon l’intérêt du bijou. C’est-à-dire qu’ils jugent et achètent chaque pièce en fonction de sa valeur esthétique et de sa place dans la création de Suzanne Belperron.  Ces critères sont proches de ceux qu’on applique aux peintres ou aux plasticiens.

Christie’s Paris 2011.

Voici une sélection supplémentaire de quelques bijoux remarquables qui sont passés en vente ces dernières années et qu’Olivier Baroin a expertisés.

AGUTTES

Lot 91. Juin 2016. Importante bague en platine composée d’un large anneau incurvé pavé de rubis rehaussés de petits diamants dans le sertissage. Poinçon de maître Groené & Darde partiellement lisible. Dans un écrin. Cette bague a été réalisée entre 1942 et 1955. Estimation : 20 000 – 25 000€. Prix d’adjudication : 116 025€
Lot 143. Juin 2014. Clip « tonneau » en or gris composé d’un motif en calcédoine serti de six diamants de taille ancienne, épaulé sur les extrémités d’une ligne d’émail noir. Vers 1935 Dans un écrin en forme B.HERZ. Estimation : 15 000 – 20 000€ Prix d’adjudication : 61 200€.

 

Lot 89. Vente décembre 2016 Bague « Dôme » en or jaune 18k sertie d’une importante citrine taille coussin, le corps pavé de citrines dorées, miel ou cognac, serti à décor de nid d’abeilles. Vers 1953. Estimation : 25 000-30 000€ Prix d’adjudication : 67 575€
Lot 83. Décembre 2017 Paire de pendants d’oreilles en or gris 18k (750) composés d’une chute de demi sphères en cristal de roche dépoli soulignées d’un filet en platine serti de diamants et retenant en pampille une perle fine en goutte. Accompagnée d’un certificat LFG N° 325647 attestant perles fines, eau de mer. Accompagnée d’un certificat de Monsieur Olivier Baroin attestant qu’il s’agit d’une création de Suzanne Belperron avant 1935. Estimation : 15 000 – 20 000€. Prix d’adjudication : 255 000€


ARTCURIAL

Clip de revers en platine (950) et or gris 18k (750), stylisé d’un « U » serti de diamants taillés en brillant, terminé par deux perles fines boutons, l’une blanche l’autre grise.
Poinçon de Groené & Darde. Exécuté entre 1942 et 1955. Estimation 15 000 – 20 000 €. Prix d’adjudication : 96 100 €
Vente Artcurial Importants Bijoux – 23 juillet 2014 /Lot 741 Suzanne BELPERRON RARE PAIRE DE PENDENTIFS « SAPIN DE NOËL ».En platine (950), formés chacun d’une chute de longues feuilles cintrées, serties de diamants taillés en brillant, neuf d’entre eux plus importants en serti clos, l’amortissement orné de diamants baguette. Exécutés entre 1942 et 1955. Poinçons de Gröené et Darde. Estimation 120 000 – 150 000 € . Prix d’adjudication 121 500 €
Vente Artcurial Importants Bijoux – 23 juillet 2014 /Lot 740 Suzanne BELPERRON BRACELET RIGIDE OUVRANT. En or gris 18k (750), formé d’un bandeau biseauté en chute, orné d’une ligne de diamants taillés en baguette entre deux lignes de diamants taillés en brillant, dans sa partie supérieure, souligné de part et d’autre d’une chute de motifs piriformes sertis chacun de deux diamants taillés en brillant. Exécuté entre 1942 et 1955. Poinçons de Gröené et Darde. Estimation 40 000 – 60 000 € . Prix d’adjudication : 155 100 €.
Vente Artcurial – 19 juillet 2016 /Lot 651 SUZANNE BELPERRON 1900-1983 Paire de clips de revers « Spire » . L’un en or gris 18k (750) et platine (950), serti d’un diamant demi-taille dans une spirale pavée de diamants taillés en brillant ou en serti clos, le second en or jaune 18k (750) de même inspiration, serti de diamants jaunes, bruns ou madères. Poinçon du joaillier Groené & Darde . Vers 1938-39 Un système permet de les réunir sur un collier, en or jaune et or gris Estimation 40 000 – 50 000 € . Prix d’adjudication : 105 920 €.
Vente Joaillerie – 19 janvier 2017 / Lot 401 Suzanne BELPERRON Collier « Egyptien » en or jaune et or gris 18k (750) formé d’un arc de cercle uni en chute, souligné d’une ligne de diamants taillés à l’ancienne. Le tour de cou est fait de deux demi-joncs mouvementés et d’une longue agrafe. Vers 1942. Poinçon du joaillier Groëne et Darde. Dans un écrin B. Herz. Provenance: Mme Armand Salacrou, académicien et auteur dramatique. Estimation 30 000 – 40 000 €. Prix d’adjudication : 77 500 €
Clip de corsage « Egyptien » et son moulage. Archives personnelles de la créatrice. Olivier Baroin.
Vente Joaillerie – 19 janvier 2017 /Lot 402. Clip de corsage « Egyptien » en or jaune et or gris 18k (750) stylisé d’une fleur de boteh unie soulignée de diamants taillés à l’ancienne et d’une collerette. Vers 1937. Poinçon du joaillier Groëne et Darde. Estimation 10 000 – 15 000 €. Prix d’adjudication : 14 300 €.


CHRISTIE’S

Paris Jewels, 19 May 2010. Lot 228. Broche émeraudes et diamants figurant une corne d’abondance stylisée en or jaune amati sertie d’émeraudes cabochons et de diamants taille ancienne retenant en pampille un diamant ovale de taille ancienne de couleur jaune pâle pesant 32.80 carats, poinçons français d’or, 4.5 cm. (1¾ in.), vers 1950. Estimation : EUR 160,000 – EUR 200,000. Prix réalisé : EUR 553,000.
Jewels for Hope: Collection de Madame Lily Safra. Genève, 14 Mai 2012. Rare manchette en platine composée d’un diamant central, de diamants en pavage et rehaussée d’une rangée de saphirs taille calibrée, 1941-1945, diamètre intérieur de 6,0 cm. Poinçon Groene et Darde (partiellement indistinct). Estimation: 74 000 CHF – 110 000 CHF. Prix ​​réalisé: 159 000 CHF.
Paris Jewels, 1 June 2016. Lot 81. Paire de clips « coquillage ». Chacun figurant un coquillage pavé de diamants taille ancienne et rehaussé d’une ligne d’émail noir (accidents), vers 1935, poids brut: 25.09 gr., monture en platine (850) et or gris 18K (750), poinçons français. Portent le poinçon de la Société Groëné & Darde. « Le coquillage est un bijou nouveau parce qu’éternel. Ceux-ci ne doivent rien qu’à l’invention humaine, étant composés de diamant, d’émail noir et de cristal. Ils se portent à volonté soit en clips, soit en broche, ou bien soutiennent quatre rangs de perles, réalisant un superbe bijou du soir ». Des bijoux nouveaux, Vogue Paris, septembre 1933. Estimation : EUR 40,000 – EUR 60,000. Prix réalisé: EUR 85,500
Paris Jewels, 24 November 2015. Lot 166. Paire de clips diamants. Chacun orné de deux motifs sertis de diamants ronds s’enroulant autour d’un diamant plus important et rehaussés d’une ligne de diamants baguettes, poids brut: 48.86 gr., monture en platine (850) et or gris 18K (750), poinçons français Portent le poinçon de la Société Groene & Darde pour Suzanne Belperron. Estimation : EUR 80,000 – EUR 120,000. Prix réalisé : EUR 111,900


DROUOT

Le mercredi 17 décembre 2014 Drouot présentait cette somptueuse parure collier et bracelet dont le prix d’adjudication a marqué un record. Estimée entre 10 000 et 20 000 euros cette parure s’était alors envolée pour 415 000 euros. Un travail caractéristique du style Belperron dans ces volumes et dans ces nuances délicates de bleu velouté qu’affectionnait la créatrice.

Bracelet large et articulé en or gris de forme losangique entièrement constitué de saphirs cabochons sertis clos. Exécuté vers 1935. Poids brut: 163 grs. Long.: 17 cm. – Larg.: 9 cm. Accompagné d’un certificat d’origine n°141122b Belp/Ppl/De, établi le 22 novembre 2014 par Monsieur Olivier Baroin.
Collier draperie en or gris entièrement pavé de saphirs cabochons sertis clos. Exécuté vers 1935. Poids brut: 136 grs. Léger accident à un emmaillement. Accident au cliquet du fermoir. Accompagné d’un certificat d’origine n°141122a Belp/Ppl/De, établi le 22 novembre 2014 par Monsieur Olivier Baroin.


FORTUNA

Le 25 avril 2018 avait lieu à New-York chez Fortuna la vente d’une exceptionnelle collection de bijoux Belperron provenant de la succession de Bokara « Bo » Legendre.

Lot 61. Bague bombée à motif de feuilles de calcédoine sculptée, contenant trois diamants sertis sur platine. Le diamant central pesant environ 1,65 carat est flanqué de deux diamants pesant environ 1,00 carat chacun, pour un poids total d’environ 3.65 carats, de couleur KL et la clarté VS-SI. Estimation: 10 000 $ à 15 000 $. Prix d’adjudication : 65,625 $.
Lot 60. Clip en calcédoine sculptée orné de diamants taille marquise sertis sur platine. Estimation: 20 000 $ à 30 000 $. Prix d’adjudication : 62 500 $
Lot 59. Bague en or et diamants conçue à partir d’une paire de boucles d’oreilles créée par Suzanne Belperron. Estimation: 4 000 $ à 6 000 $. Prix d’adjudication : 16 250 $
Lot 59
Lot 58A. Un bracelet-manchette en or, citrine et diamants. Réalisé vers 1945, ce bracelet comporte en son centre une magnifique citrine de taille octogonale de 160 carats, entourée par deux citrines trapézoïdales de taille mixte pesant environ 14 carats chacune. Les gemmes sont séparées par des baguettes de diamants ronds pesant un total d’environ 2,50 carats. Estimation: 30 000 $ à 50 000 $. Prix d’adjudication : 150 000 $


SOTHEBY’S

Magnificent jewels & Noble jewels, 15 novembre 2018, Genève

Lot 168. Clip en or et émeraude des années 1930. Poinçon de Groëné et Darde. Anciennement dans la collection de Ganna Walska (1887-1984). La cantatrice d’origine polonaise avait une personnalité aussi grande que sa fortune. Mariée six fois au cours de sa vie, elle possédait une extraordinaire collection de bijoux. Estimation : 30,000 — 50,000 CHF(26,034 – 43,390 EUR). Prix réalisé : 60,000 CHF (52,068 EUR)

Magnificent jewels & Noble jewels, 15 mai 2018, Genève

Magnificent jewels & Noble jewels, 15 mai 2018, Genève. Lot 205. Bracelet en cristal de roche et diamants, «Bibendum», Suzanne Belperron, vers 1930. Composé de plaques circulaires de cristal de roche sculptées incrustées de diamants. Estimation 70,000 — 90,000 CHF (58,718 – 75,495EUR). Prix réalisé : 106,250 CHF (89,126 EUR)
Lot 203. Clip en calcédoine bleue et saphir, vers 1940. De conception cannelée, la calcédoine bleue sculptée est soulignée au centre par trois rangées de perles de saphir. Poinçon Groëne et Darde. Estimation 20,000 — 30,000 CHF (16,777 – 25,165EUR). Prix réalisé : 65,000 CHF (54,524 EUR) (Prix d’adjudication avec commission acheteur)

Magnificent jewels & Noble jewels, 15 novembre 2017, Genève

Lot 213. Bague en calcédoine polie gravée sertie d’une perle de culture. Estimation : 8,000 – 12,000 CHF (6,846 – 10,270 EUR). Prix réalisé : 22,500 CHF (19,255 EUR)

Magnificent jewels & Noble jewels, 16 mai 2017, Genève

Lot 66. Broche en or et saphir jaune, vers 1940. De conception florale stylisée, collet serti de deux saphirs jaunes ovales. Poinçon de maître. Estimation : 12,000 — 18,000 CHF (10,873 – 16,310 EUR). LOT SOLD : 21,250 CHF (19,254 EUR)

Magnificent jewels & Noble jewels, 17 novembre 2016, Genève

Lot 195. Broche en calcédoine, perle de culture et perle naturelle, vers 1955. Estimation : 70,000 — 100,000 CHF (65,022 – 92,889 EUR). Prix réalisé : 81,250 CHF (75,472 EUR)

Magnificent jewels & Noble jewels, 11 novembre 2015, Genève

Lot 23. Bracelet en topaze, vers 1935. Initialement acheté par Elsa Schiaparelli à Suzanne Belperron. Elsa Schiaparelli admirait les créations de Suzanne Belperron pour leur simplicité, leur avant-gardiste et leur modernité. Elle a été photographiée dans le magazine Vogue en 1933, portant plusieurs bijoux Belperron. Tout au long des années 1930, les créations Belperron et Schiaperelli ont été diffusées dans tous les principaux magazines de mode. Les archives de ces deux créatrices révèlent bon nombre de clients communs : la cantatrice Ganna Walska, Daisy Fellowes, la princesse indienne Karam of Kapurthala, Mme Harrison Williams (la future comtesse Mona Bismarck) et la duchesse de Windsor. Estimation 39,000 — 59,000 CHF (36,278 – 54,881 EUR.) Lot. Vendu : 212,500 CHF (197,666 EUR) (Prix d’adjudication avec commission acheteur)
Lot 440. Broche en quartz et diamant, années 1940. Estimation 8,000 — 12,000 CHF (7,442 – 11,162 EUR). Prix réalisé : 52,500 CHF (48,835 EUR)
Lot 443. Broche en quartz fumé, saphir jaune et citrine, vers 1935. Poinçon de marque Groëné & Darde. Estimation : 30,000 — 49,000 CHF (27,906 – 45,579 EUR). Prix réalisé : 93,750 CHF (87,206 EUR)

Magnificent jewels & Noble jewels, 12 mai 2015, Genève

Lot 3. Bague en étoile avec saphir, calcédoine et diamant, 1961. Estimation : 9,000 — 11,000 CHF. (8,660 – 10,585 EUR). Prix réalisé : 40,000 CHF (38,489 EUR)

TAJAN

L’expert Jean-Norbert Salit présentait lors de la vente du 29 juin 2015 un rare ensemble de quatre pièces en or gris, diamants et rubis certifiés d’origine birmane, sans trace de traitement thermique. Travail français vers 1936 avec poinçon de maître de Groëne et Darde.

Lot 262. Bracelet manchette rubis constitué d’un motif bombé à l’imitation d’un coussin rehaussé de rubis et de diamants taille brillant. Monture en or gris 18K et platine. Estimations : 40 000-60 000€. Résultat frais inclus : 180 700 euros
Clip coquillage stylisé entièrement pavé de diamants taille brillant (TA) et de rubis ovales. Un rubis cabochon plus important en sertissure. Monture en or gris 18K et platine. Travail français, poinçon de maître Groëne et Darde.
Lot 263. Paire de pendants d’oreilles ornés d’un rubis cabochon et diamants en pampille à motif piriforme à godrons. Monture en platine. Estimations :15 000-18 000€. Résultat frais inclus: 45000 euros.
Le jonc comprend trois larges gaudrons ornés d’un rubis ovale en sertissure encadré de diamants taille brillant (TA). Monture en platine.
Vente Tajan du le 21 juin 2016. Lot 74. Bague dôme ornée d’un grand saphir coussin (5,80-6 carats) ayant pour origine Ceylan, sans trace de traitement thermique en sertissure. Le corps est pavé de diamants taille brillant et rond (TA) ponctués de saphirs cabochon. Monture en platine. Travail français, poinçon de maître de Groëne et Darde. circa 1947. Estimation : € 40,000-60,00 €. Résultat frais inclus : 111 800 €.

 

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La Golconde
Galerie d’Olivier Baroin
9, Place de la Madeleine. 75008 Paris.
Tél. 01 40 07 15 69

Suzanne Belperron, Sylvie Raulet et Olivier Baroin, La Bibliothèque des Arts , 2011.

Les bijoux de Suzanne Belperron, Patricia Corbett, Ward and Nico Landrigan, Karl Lagerfeld, Thames & Hudson, 2015.

Jewels from the personnal collection of Suzanne Belperron, Geneva 14 may 2012, catalogue Sotheby’s

Vente bijoux, créations Suzanne Belperron, catalogue Pierre Bergé et Associés, mai 2004

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Tous mes remerciements aux maisons Aguttes, Artcurial, Christie’s, Drouot, Eve, Fortuna, PB&A, Sotheby’s et Tajan.

Des remerciements tout particuliers à Olivier Baroin, qui allie comme peu d’autres la précision de l’expert et la passion du pédagogue.

Sotheby’s.

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Visuel de « une » : Fortuna auction house, New York city. Lot 58. Succession Bo Legendre du 25 avril 2018. Manchette et broche en cristal de roche convertible. Vers 1935. La fleur en cristal de roche est sertie sur platine, ornée de rubis cabochon pesant au total environ 5,90 carats et de diamants ronds taillés en brillant d’un poids total d’environ 0,20 carat, de couleur I-J et de pureté VS. Cette pièce se porte en broche posée sur une double tige ou bien s’attache à une manchette en or blanc 18K. Estimation : 30 000 – 50 000 $. Prix d’adjudication : 78 125 $