Leitão & Irmão : rencontre avec les maîtres-orfèvres de Lisbonne

[section_title title= »Leitão & Irmão au XIXème siècle : de la petite à la grande Histoire »]

« Leitão & Irmão au XIXème siècle : de la petite à la grande Histoire »

La Maison d’orfèvrerie Leitão ouvrit ses portes en 1822 à Porto, Rua da Flores, située alors en plein coeur du quartier des orfèvres et des joailliers. José Pinto Leitão, son fondateur, épousa en 1837 Maria Delfina da Trinidade, la fille unique d’un important notable de Porto, José Teixeira da Trinidade, qui travaillait dans le commerce de l’or brésilien. José Teixeira da Trinidade avait joué un rôle majeur lors du siège de Porto (juillet 1832-août 1833) en soutenant financièrement les troupes libérales du roi Pedro IV de Portugal (1798-1834) contre les forces absolutistes de son frère, l’usurpateur Miguel Ier (1802-1866). Ce soutien à la famille royale eut une importance non négligeable dans le développement de la maison, comme nous allons le constater.

La Maison Leitão prit rapidement son essor. En 1866, elle se renomma « Leitão & Irmão », ce qui signifie « Leitào et frères ». Cette même année, deux fils de Pinto et Maria Delfina Leitào, Narciso et José Leitào, reprirent les rênes de l’affaire familiale.

Leitão & Irmão connut son apogée pendant le dernier tiers du XIXème siècle.

En effet, en 1872, la maison se vit octroyer par l’empereur du Brésil Pedro II (1825-1891), fils de Pedro IV de Portugal (qui était aussi nommé Dom Pedro Ier do Brasil), le titre d' »Orfèvre de la Maison Impériale du Brésil ». Le service rendu par José Teixeira da Trinidade à Pedro IV reçut par là sa récompense, une génération plus tard.

La Maison fut à nouveau honorée en 1887 par le roi Luis Ier de Portugal (1861-1889) lorsqu’il attribua à Leitão & Irmão le titre de « Joalheiros da Coroa », Joailliers de la Couronne du Portugal. La Maison s’installa à Lisbonne dans l’élégant quartier du Chiado. L’aristocratie lisboète en devint le principal client.

En 1887, le poinçon de maître de Leitão & Irmão fut enregistré auprès du bureau de titrage de Lisbonne, créé cet année-là. C’est le plus ancien poinçon du Portugal. On l’observe encore aujourd’hui sur les pièces Leitão & Irmão : il s’agit d’un sphinx couronnant la lettre « L ».

La mode de l’égyptomanie faisait alors rage en Europe. La découverte du temple d’Horus était récente (1860) et en 1887, les archéologues découvrirent les célèbres tablettes d’Amarna. Leitão & Irmão qui puisait déjà ses inspirations dans les grandes découvertes de l’Histoire ne pouvait manquer d’en être influencée!

Plus encore que les rois, ce furent leurs épouses qui vinrent se fournir auprès de la Maison de joaillerie attitrée.

La reine Maria Pia de Savoie (1847-1911), épouse du roi Luis Ier, femme de grand tempérament, a laissé le souvenir de son goût pour des pièces d’orfèvrerie néo-rocaille.

Les archives de la Maison, qui s’étendent de 1822 à nos jours et dont les plus anciens registres sont précieusement conservés au sein du Musée Calouste Gulbenkian à Lisbonne, en témoignent – même si, par discrétion, la Maison ne souhaite pas que les pages de commande de ses clients royaux soient rendues publiques.

L’autre personnalité royale qui marqua la Maison fut Marie-Amélie d’Orléans (1865-1951), l’ultime princesse française à régner sur un trône européen. Après des fiançailles fastueuses à Paris, elle avait épousé Carlos Ier de Portugal (1863-1908) à Lisbonne le 22 mai 1886.

La famille royale portugaise commanda les cadeaux officiels à offrir à la princesse française. L’écrin était composé d’une tiare de diamant offerte par le roi du Portugal Dom Luis; un collier de diamants offert par la reine, Dona Maria Pia; un choix de collier de diamants et de saphirs du prince Carlos; une paire de jumelles en écaille de tortue, or et diamants, offert par l’infant Dom Afonso et une broche en brillants de l’infant Dom Augusto. La tiare de diamant a été portée par D. Isabel lors de son mariage avec D. Duarte de Bragança, lors du mariage royal en 1995.

Devenue reine, en 1889, Marie-Amélie achetait  principalement chez Leitão & Irmão les cadeaux protocolaires qu’elle offrait lors d’événements de charité, de bals annuels, ou à des hôpitaux. La Reine Amélie eut une profonde affection pour le peuple portugais et la bonté dont elle sut faire montre a marqué durablement les esprits. Si la Reine achetait peu pour elle-même, de nombreuses pièces furent commandées à son attention par son mari. Jorge Leitão, actuel propriétaire et directeur de Leitão & Irmão,  indique que la Reine aimait à retrouver le monogramme A sur ses objets précieux.

Après le tragique assassinat de son mari et de son fils aîné le 1er février 1908, puis l’instauration de la République le 5 octobre 1910, la reine Marie-Amélie partit en exil en Angleterre, où une grande partie de ses biens lui fut restituée. Installée ensuite en France, au Chesnay, jusqu’à la fin de sa vie, elle dut vendre un nombre important de ses objets précieux et bijoux. Aujourd’hui on peut voir conservées au Palais National de Ajuda quelques pièces d’orfèvrerie signées L&I ayant appartenu à la royauté portugaise.

Leitão & Irmão, forte de sa renommée, continua à se développer tout au long du XXème siècle.

Voici quelques pièces maîtresses sorties de ses ateliers qui témoignent et des savoir-faire et de l’esprit de la Maison.