Les Seventies sont de retour

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Le triomphe de la couleur

La joaillerie des années 70 se caractérise également par la richesse des couleurs proposées. Sortant de l’éternelle triade rouge-bleu-vert, les joailliers s’aventurent vers une palette audacieuse, s’ouvrent à de nouvelles et insolites combinaisons. Les pierres sont choisies pour leur effet chromatique et optique plus que pour leur valeur intrinsèque. L’or jaune s’associe alors à des matières opaques ou translucides, colorées et lumineuses telles que turquoise, jade, lapis lazuli, œil de tigre, cornaline…

Christie’s, lot 186 : broche Cartier, vers 1970, or jaune, diamant, œil de tigre. 20-30 0000 $ vendue 40 000 $

Cet emploi des pierres de couleurs trouve son origine dans plusieurs facteurs. L’utilisation d’une grande variété de gemmes permet aux joailliers d’offrir des contrastes intéressants de couleurs et de matières qui répondent aux nuances de tissus employés par les couturiers de l’époque. L’esprit ethnique, l’influence des arts africains et amérindiens impliquent une forte inspiration de la nature qui amène l’utilisation de matériaux naturels tels que l’ivoire, le bois, l’os, mais également le corail qui devient une des matières phares de l’époque. Le corail rouge « écume de sang » et « fleur de sang » ainsi que le corail rose dit « peau d’ange » sont sertis sur un grand nombre de sautoirs, bagues, bracelets et autres bijoux. Les pièces en corail des années 70 sont encore aujourd’hui particulièrement recherchées, d’autant que les sources de corail se raréfient et son commerce est limité par les réglementations CITES.

Sotheby’s, lot 159 : suite de bijoux en or jaune, diamants et corail par Van Cleef & Arpels, vers 1970. 52-82 000 $ vendue 201 000 $

En se tournant vers l’Orient, les joailliers découvrent – ou redécouvrent – de nouvelles manières de travailler et mettre en valeur les pierres. Les gemmes sont taillées en cabochons ou portées en perles, mais aussi gravées selon la tradition des Moghols. Si Cartier avait déjà établi des liens étroits avec l’Inde dès le début du XXe siècle, la maison remet à l’honneur ses créations inspirées de la joaillerie indienne. Ainsi, en 1920, Cartier mêle des pierres aux couleurs vives, taillées et gravées en feuilles, fleurs et fruits dans une collection emblématique qui apparaît de nouveau dans les années 70 sous le nom de « Tutti Frutti ».

Sotheby’s, lot 225 : Broche Cartier « Tutti Frutti » vers 1930, platine, émeraude, saphir, rubis, diamant. 22-32 000 $ vendue 60 000 $

Cette vague d’exotisme touche l’ensemble de la Place Vendôme. Piaget en 1964 développe une idée novatrice : embellir les cadrans de ses montres à l’aide de pierres dures ou semi-précieuses. Cette montre-bijou devient symbolique de cette époque, le président de Piaget, Philippe Léopold-Metzger allant jusqu’à la désigner comme « la montre typique de la femme gâtée de ces années 1970 ». Corail, jade, lapis lazuli, onyx, opale, œil de tigre, malachite et bien d’autres font triompher la couleur dans une variété quasi infinie : le catalogue de la maison répertorie jusqu’à trente pierres différentes.

Parmi les joailliers établis, certaines maisons s’épanouiront particulièrement au cours de cette décennie. Ainsi, l’histoire de Bulgari remonte à la fin du XIXe siècle en Italie mais le style propre à cette maison s’affirme à partir de la fin des années 60.

Christie’s, lot 138 : Sautoir Bulgari, vers 1975, or jaune, diamant, onyx et quartz. 40-50 000 $ vendu 191 000 $

En s’affranchissant peu à peu de la mode parisienne, Bulgari propose des formes extrêmement linéaires, lisses et arrondies. Les années 70 permettent de cristalliser les caractéristiques du style qui a pris corps au cours des années précédentes. Le vent de folie créative permet à la maison d’imprimer à ses modèles une conception différente des volumes et des couleurs en faisant un usage général de pierres de couleur taillées en cabochon pour créer des motifs naturalistes stylisés enserrés dans des formes géométriques. Le sautoir Bulgari présenté par Christie’s est symbolique de ces années. Ce bijou a la particularité d’avoir été porté par l’actrice Silvana Mangano lors du tournage du film Violence et Passion en 1974. Séduite à juste titre par la beauté captivante de ce sautoir, l’italienne en fit l’acquisition.

 

Détail. Christie’s, lot 138 : Sautoir Bulgari, vers 1975, or jaune, diamant, onyx et quartz. 40-50 000 $ vendu 191 000 $

Au cours des années 70, Bulgari développe également ses fameuses montres « Serpenti ». Les modèles aux couleurs chatoyantes se font plus réalistes, pour un rendu virtuose les écailles reproduisent des variétés particulières de serpents, ou permettent simplement de suivre les couleurs en vogue. Ces montres relèvent d’une grande maîtrise technique, chaque écaille est individuellement émaillée ou sertie avant d’être minutieusement assemblée aux autres par d’infimes vis.

Christie’s, lot 141 : paire de montres « Serpenti » par Bulgari, or jaune, rubis, saphir et diamant. 200 – 300 000 $ vendue 375 000 $

Christie’s, lot 141 : paire de montres « Serpenti » par Bulgari, or jaune, rubis, saphir et diamant. 200 – 300 000 $ vendue 375 000 $

Fidèles au style et à l’histoire de Bulgari, les collections actuelles continuent de puiser dans les inspirations propres aux années 70. Or jaune, pierres de couleurs, lignes pures et volumes sont encore aujourd’hui les maîtres-mots de cette maison. Une bague Bulgari issue de la collection de 2015 présentée par Christie’s est un parfait exemple des créations contemporaines qui semblent provenir de cette décennie haute en couleurs.

Sertie d’un superbe saphir padparadscha de 46,92 carats, cette bague en or jaune présente une monture au dessin géométrique, incrustée de turquoise et soulignée par des lignes de diamants. Tel un héritage de la force créative de ces années, les formes lisses, linéaires et arrondies unissent les pierres en une symphonie de couleurs.

Christie’s, lot 143 : Bague Bulgari, 2015, or jaune, turquoises, diamants et saphir padparadscha de 46,92 carats.

Pour approfondir vos connaissances de la joaillerie Seventies :

Un cours sur l’histoire et les techniques de l’émaillage et une exposition au MAM

L’Ecole des arts joailliers, avec le soutien de Van Cleef & Arpels, propose de découvrir la subtilité de l’art de l’émaillage appliqué au bijou avec un nouveau cours très bien conçu intitulé « Le bijou et les émaux grand feu ».

31, rue Danielle Casanova
75001 Paris

Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente jusqu’au 5 novembre 2017 l’exposition Medusa, Bijoux et Tabous. Plus de 400 pièces parmi lesquelles vous retrouverez de nombreux bijoux seventies.

11 Avenue du Président Wilson
75116 Paris
Tel. 01 53 67 40 00
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h (expositions uniquement)

Violaine Bigot, gemmologue FGA. Retrouvez Violaine Bigot @linkedIn, @Instagram

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Pour vous inscrire à Property of a lady, veuillez cliquer sur ce lien.

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Visuel de « une » Collier perles de semences et émail, et bracelet émail par Jean Schlumberger @Christie’s Paris Jewels 6 Juin 2017.

Lot 23 Collier de perles de semence et émail :

Formé de rangs de perles de semence (non testées)
alternés de maillons bombés et cylindriques en émail
paillonné bleu ponctués de triangles d’or, 49 cm., poids
brut: 264.13 gr., monture en or jaune 18K (750), poinçons
français, dans son écrin.
Signé Schlumberger Paris
€10,000-15,000
Lot 24 Bracelet émail
Semi-fexible, formé de maillons bombés en émail paillonné
bleu ponctué de losanges ou de boules d’or, 16 cm., poids
brut: 127.42 gr., monture en or jaune 18K (750), poinçon
français
Signé Schlumberger Paris
€5,000-7,000