Les Seventies sont de retour

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Jean Schlumberger

Jean Schlumberger (1907-1987) débuta sa carrière auprès de la couturière Elsa Schiaparelli en créant des boutons et des bijoux fantaisie. Dès ses premières créations, il fait preuve d’une riche inventivité, travaillant à partir d’éléments divers trouvés sur des marchés aux puces. En 1956, il prend la tête d’un département indépendant chez Tiffany. Il insuffle alors un nouvel élan à la joaillerie, abordant de nouveaux sujets à l’aide de techniques nouvelles. S’inspirant de ses voyages en Asie mais également de la faune et de la flore, avec une prédilection pour les sujets marins, Schlumberger produit avec une liberté qui le place au-delà des modes. Certaines de ses créations sont ainsi exposées à la galerie des Arts décoratifs tandis qu’une rétrospective lui fut accordée au Virgina Museum of Fine Arts de Richmond (USA) en 2011-2012.

Son succès se vérifie également sur le marché puisque la vente de Sotheby’s s’ouvrait sur sept pièces signées par Schlumberger des années 60 et 70, tandis que huit autres objets ou bijoux du joaillier étaient dispersés dans la vente. Parmi ces lots se trouvent les fameux bracelets émaillés particulièrement prisés par Jackie Kennedy.

 

Sotheby’s, lot 4 : bracelet Schlumberger pour Tiffany en or jaune et émail. 12 500-18 500 $ vendu 18 800 $.

Avec ces bracelets « Croisillon », Schlumberger remet à l’honneur et sublime la technique traditionnelle de l’émail paillonné. En plaçant une feuille de métal entre deux couches d’émail, Schlumberger apporte à ses bijoux un superbe jeu de lumière et de miroitement. Les couleurs vives, la transparence de la matière, les courbures généreuses font de ces créations des pièces emblématiques des années 60 et 70 fabriquées encore de nos jours dans les ateliers Tiffany.

Ce travail caractéristique de l’émail se retrouve dans plusieurs de ses pièces, notamment sur ses sujets animaliers tels que la broche « Perroquet ».

Sotheby’s, lot 169 : Broche « Perroquet » par Schlumberger pour Tiffany & Co, vers 1970, or jaune, émail, corail, onyx, aigue marine et rubis. 20-30 000 $ vendue 35 200 $

 

La lumière douce et mouvante de l’émail tranche avec la matière cristalline de l’aigue-marine tandis que le dessin souligné à l’or jaune met en valeur les assemblages de couleurs. Ce style inspira plusieurs joailliers au cours des années 70 tels que David Webb.

Sotheby’s, lot 168 : Bracelet par David Webb, vers 1970, or jaune, émail et diamants. 8-12 000 $ vendu 12 000 $

Nous retrouvons dans ce bracelet en émail et diamants de David Webb les lignes courbes, les jeux de matières et de lumières ainsi que l’univers végétal des bijoux de Schlumberger.

Le génie de Jean Schlumberger ne s’arrête pas à son travail de l’émail. Ses créations des années 70 sont également caractérisées par un mélange audacieux de couleurs et de formes en utilisant une large variété de pierres. Améthystes, péridots, saphirs de couleur, corail et tourmalines sont sertis en associations rares pour offrir des contrastes harmonieux et une certaine asymétrie des détails. Une boîte présentée par Sotheby’s est en cela intéressante à observer. Faite en or jaune et émail crème, elle est sertie d’une kunzite de 300,55 carats. La forme géométrique et dynamique dessinée par l’or jaune contraste avec les rondeurs de la pierre tout en mettant en valeur sa couleur. L’œil se perd dans ce jeu de miroir où les lignes d’or font écho aux facettes.

Sotheby’s, lot 2 : Boite par Schlumberger, or jaune, émail et kunzite de 300,55 carats. 15-25 000 $ vendue 75 400 $