Marie-Caroline de Brosses : mes années chez Boivin… et après

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Acte II : Marie-Caroline de Brosses, vingt ans de création chez René Boivin

Scène 1 : Portrait d’une dessinatrice

CJ : Comment êtes-vous entrée dans la maison Boivin ?

M-C de B : Aussi incroyable que cela puisse sembler, c’est grâce à un coup de téléphone anonyme que je me suis présentée chez Boivin !

Diplômée de l’Union Centrale des Arts Décoratifs, je venais de passer un an dans la publicité, mais ce que je souhaitais, à 22-23 ans, c’était travailler dans l’architecture. Mes parents avaient dû faire écho de mes recherches dans leur cercle d’amis.

Un soir, un coup de fil d’une femme à la voix qui m’apparut âgée, m’a recommandé de passer le lendemain rencontrer Monsieur Louis Girard, gérant de la maison René Boivin. Je n’ai pas réagi au nom de cette maison, mais je m’y suis présentée le lendemain. Monsieur Girard a demandé à voir mes dessins. Je n’avais alors jamais dessiné de bijoux. Je suis revenue le lendemain et lui ai présenté un nu, un plan d’architecte, et l’étude documentaire… d’une truite ! Aussitôt après cet entretien, j’ai commencé à dessiner pour la maison.

Rapidement, j’ai pris conscience que cette maison dont j’ignorais le nom m’était familière. Les bijoux que portaient ma mère et les femmes de ma famille, en particulier mes tantes, provenaient de chez Boivin ! J’ai d’ailleurs hérité de la montre-manchette de l’une de mes tantes. C’est une histoire étonnante. Cette tante avait été fascinée lors de l’exposition universelle de 1937 par les colliers des « femmes girafes ». Elle s’était rendue chez Boivin et avait demandé à ce qu’on lui réalise un bracelet sur le même modèle. Lorsque Monsieur Girard lui a remis le bracelet réalisé en argent, elle lui a demandé d’y insérer le mouvement de la montre qu’elle portait ce jour-là ! Je porte cette création originale régulièrement, et la montre fonctionne toujours parfaitement !

Lorsque s’acheva mon premier mois d’essai, Monsieur Girard m’a demandé d’aller faire le tour des vitrines de la Place Vendôme, carnet de croquis et crayon en mains. J’ai alors ressenti un certain désarroi, j’eus le sentiment que tout avait été fait. Je me souviens également avoir admiré la beauté des pierres chez Boucheron. A mon retour, Monsieur Girard a demandé à consulter mes notes et dessins pris dans l’après-midi. Je n’avais presque rien noté… « Voulez-vous rester chez nous ? » me demanda-t-il simplement. Je devais m’apercevoir assez rapidement qu’il ne tenait pas en haute estime les créations issues de la Place Vendôme, qu’il jugeait « sans âme ». C’est ainsi que je suis devenue dessinatrice de la maison Boivin.

CJ : Comment se passait la création chez Boivin ?

M-C de B : Les clients venaient dans les salons Boivin, situés au second étage du 4, avenue de l’Opéra. Ils étaient reçus par Monsieur Girard. Juliette Moutard, revêtue de son éternelle blouse blanche, était assise à une petite table, légèrement en retrait dans le salon ; quant à moi, j’étais derrière, dans un bureau séparé. Monsieur Girard nous appelait si besoin pour des dessins.

Parfois, le client avait une idée des pierres qu’il souhaitait voir figurer sur son bijou. Parfois, il désirait une couleur en particulier. Le plus souvent, nous avions carte blanche. Lors du second rendez-vous, deux ou trois croquis étaient soumis au client – à mes débuts, Juliette Moutard ne présentait que ses propres dessins, mais cette période de transition m’a permis de me faire la main !

Une fois le choix décidé, la création du bijou était lancée dans les ateliers. L’atelier principal jouxtait le salon, il était dirigé par Monsieur Breton. Nous travaillions aussi en étroite collaboration avec plusieurs ateliers extérieurs. A la liste dressée par Madame Cailles dans son livre des divers fournisseurs, ouvriers et ateliers extérieurs ayant travaillé pour René Boivin (p.394-395),  je rajouterai Cristofol, DCHP, Lasbleiz, et Galtier. Il était rare que les bijoux soient signés, car à l’époque, on n’en voyait pas l’utilité. Nos bijoux étaient si différents des autres, si novateurs, qu’on savait les reconnaître. Chaque pièce était simplement insculpée des deux poinçons obligatoires. Le poinçon de maître (celui de l’atelier indépendant, ou bien celui de l’atelier Boivin : « Ste RB » avec un serpent ondulant entre les deux majuscules) et le poinçon de garantie (contrôle de l’Etat). Aucune pièce ne sortait de la maison sans avoir été poinçonnée au préalable. Juste avant d’être remis à son acquéreur, le bijou était soigneusement référencé dans le livre de stock de la maison : y figurait l’achat des pierres, le poids en or, les heures d’atelier, le prix de vente, et un croquis dudit bijou.

CJ : Avez-vous longuement consulté les archives de la maison pour vous imprégner du style Boivin ?

M-C de B. : Non, je les ai pas consultées. Il y avait une pièce dans l’appartement réservée aux livres de stock : elle était saturée du sol au plafond de ces registres !

Ce que j’ai fait à mon arrivée, cela a été de ranger, de trier les dessins par thématiques. J’ai pu découvrir ainsi tous les dessins de Juliette Moutard. Quant à ceux de Suzanne Belperron, il en restait deux ou trois tiroirs. Il s’agissait uniquement des dessins de bagues, dont de nombreux modèles de taille à degrés, en escalier, et représentés en cristal de roche.

Qu’est-il advenu de ses autres dessins ? C’est un mystère. Olivier Baroin, expert international de Suzanne Belperron, qui a acquis l’intégralité des archives de la créatrice en 2008, affirme « qu’on a jamais retrouvé un seul dessin de Suzanne Belperron tamponné Boivin dans ses affaires personnelles ».

CJ : Pouvez-vous nous donner quelques clefs d’entrée dans l’univers de chacune ? Peut-on aisément différencier vos dessins ?

M-C de Brosses : Oui, nous avons chacune notre trait !

Suzanne Belperron avait un style très particulier, un dessin fort. Elle dessinait toujours sur des cartons de couleur grise. Et, dans tous ses dessins figure une ombre en bas à droite du bijou.

Juliette Moutard a beaucoup dessiné des sujets animaliers et floraux. Elle ne faisait pas d’ombre, et se servait d’un papier calque relativement fin. Elle aimait les motifs très féminins, presque maniérés et les formes souples. Par exemple, dans ses dessins de fleurs, les tiges sont molles et les feuilles recourbées en leurs extrémités.

Les dessins de mes débuts sont sur Canson blanc. Le premier clip « tête de panthère » que j’ai dessiné était d’une taille importante, et difficilement adaptable sur calque -la feuille gondolait ! J’avais dû le laisser sur papier. C’est Monsieur Adam (propriétaire du magasin familial de matériel artistique) qui m’a fourni le calque épais qui a changé ma vie!

Mes dessins se différencient de ceux de Juliette en ce qu’ils sont plus épurés. J’ai conservé le côté volumineux, souple et sensuel du bijou qui caractérise le style Boivin. Mes créations des années 80 présentent des dessins épurés, godronnés et charnus.

Bague coulissante en or jaune 18k et argent oxydé, dans sa partie supérieure deux agrafes unies coulissent et dévoilent un pavage de diamants. Signée René Boivin. Poinçon de maître. Vers 1975. @Aguttes

Ce qui est extraordinaire, c’est que nos dessins à toutes trois, Suzanne, Juliette et moi, aient participé à ce fameux « esprit Boivin ». Chacune de nous, selon sa personnalité, a fait évoluer l’originalité, l’audace, et l’authenticité du travail fondateur de Monsieur René Boivin.

Scène 2 : La maison Boivin des années 1970 à 1990

CJ : Parlez-nous de la maison Boivin à votre arrivée : quelle ambiance y régnait ?

M-C de B : Lorsque je suis rentrée chez Boivin, l’ambiance était quelque peu vieillissante.

Juliette Moutard était sur le point de partir à la retraite. Elle a guidé mes premiers pas en joaillerie pendant trois mois avant de me laisser les commandes de la création. Je crois que cela a été difficile pour elle de laisser sa place à une jeunette, sans expérience dans la joaillerie, comme je l’étais à l’époque.

Louis Girard était le gérant de la maison depuis déjà les années 1918-1919. Il avait fait toute sa carrière dans la maison Boivin. C’était un homme d’une élégance rare et d’une profonde gentillesse qui cohabitait en parfaite entente avec « les filles Boivin » ainsi qu’il appelait les deux sœurs, filles de Jeanne Boivin. Il a travaillé dans la maison jusqu’à la fin de vie, il veillait à tout : aux clients, aux stocks, et à la comptabilité. Monsieur Girard a puissamment contribué à la réussite de la maison.

Germaine Boivin (Simon, puis Sonrel), avant même le décès de sa mère -le 11 décembre 1959 à l’âge de 88 ans-, assistait Monsieur Girard dans la direction de la maison. Elle suggérait des idées de créations -et me félicitait régulièrement ! Lorsque je les ai côtoyées, elle et sa sœur Suzanne (1894-1981), elles étaient déjà toutes deux d’un âge avancé. Nous prenions ensemble chaque jour le thé, accompagné d’un cake au citron de la pâtisserie Danoise de la rue de Rivoli que Monsieur Girard allait chercher. C’était un rituel charmant pendant lequel nous n’aimions pas être dérangés ! Suzanne Boivin (Voirin) était délicieusement excentrique : elle vérifiait tous les jours son coffre à bijou. Ce n’était aucunement par suspicion, mais, disait-elle, parce qu’elle ne se souvenait plus ce qu’il y avait dedans !

Je conserve des souvenirs chaleureux, presque familiaux, de ces moments passés dans les salons de l’avenue de l’Opéra.

Il y avait aussi Monsieur Jacques Bernard, que Monsieur Girard avait engagé trois ou quatre ans avant mon arrivée, vers 1966 ou 1967, afin de le seconder. Par la suite, Jacques Bernard est devenu gérant, puis enfin, propriétaire de la maison. Il avait épousé en secondes noces, Françoise Perrier, la fille de Monsieur Perrier qui avait racheté aux sœurs Boivin leur maison en 1978. Monsieur Perrier était diamantaire, spécialisé dans les diamants de couleur. C’est lui qui fournissait les pierres qui ornaient notamment nos sujets animaliers.

 

Nos fournisseurs, de même que nos ateliers extérieurs, travaillaient en parfaite entente avec notre maison. J’ai conservé ces liens aujourd’hui, c’est toujours avec eux que je travaille pour MCB. La maison Rafaël, avec Miriam, pour les perles, la Société Raymond Bloch pour les diamants, les trois Nersessian pour les gemmes de couleur.

CJ : On sait que la clientèle Boivin était élitiste, qu’elle comprenait aussi bien des artistes que des intellectuels. Pourriez-vous nous citer quelques noms de clients durant vos années chez Boivin ?

M-C de B : La clientèle était assez hétéroclite, j’ai croisé la Princesse Aga Khan, l’Impératrice d’Iran Farah Dibah, les princesses Al-Faisal, la famille de Brantes (dont Anne-Aymone Giscard d’Estaing), Jean d’Ormesson, dont j’ai réalisé l’épée d’académicien en 1974, Madame Pompidou, la famille d’Ornano, Roger Vadim, Marina Vlady…

Nos clients chez Boivin avaient en commun d’être des inconditionnels de la maison. Lorsqu’ils rentraient dans nos salons, c’était avec l’intention d’acheter ou de commander un bijou. Les ventes étaient faciles à réaliser. J’ai remarqué que lorsque des clients aiment un style, ils vont rarement ailleurs ensuite. Il en est de même avec ma clientèle actuelle.

CJ : Comment s’est fait votre chemin chez Boivin ?

Collier ou bracelet (rubans en daim de longueur variable) poissons en saphirs et diamants. Christie’s Magnificent jewels 17 mai 2006 à Genève. Ce lot 383 daté de 1937, a en fait été dessiné par Marie-Caroline de Brosses en 1979-1980.

M-C de B : Très facilement, je m’y sentais comme un poisson dans l’eau ! Chaque journée était extraordinaire, je m’amusais comme une folle. J’étais libre, aussi bien dans mon travail de création, que de mes horaires, j’ai même pu venir accompagnée du chien d’une amie que j’avais en garde ! Monsieur Girard m’avait accordé le rafraîchissement des décors du salon de l’avenue de l’Opéra et de son magnifique comptoir en chêne naturel signé André Groult (1884-1966). Ce décorateur-ensemblier de renom avait épousé en 1907 la sœur de Jeanne Boivin et de Paul Poiret, Nicole Poiret (1887-1967), dessinatrice et couturière de mode.

Par la suite, j’ai même refait la décoration des bureaux. Dans le mien, j’avais un peu surpris en faisant poser une moquette noire !

CJ : Parlez-nous de votre façon de créer : où trouvez-vous les idées ? Partez-vous des matières ? des formes ?

M-C de B : Les idées, je les ai tout le temps. L’extérieur m’inspire constamment. Notamment la plage, il paraît que je suis le nez au sol en permanence, je furète. C’est sur les plages du Cotentin que j’ai ramassé les très beaux galets qui ont servi à réaliser mes bagues chez Boivin et par la suite des pendentifs chez MCB. Je faisais sertir ces galets de pierres précieuses.


Scène 3 : Regard sur mes années Boivin

CJ : Quelles sont les créations auxquelles vous tenez le plus ?

M-C de B : Peut-être les têtes d’animaux en argent oxydé. J’avais commencé par une tête de panthère ;le succès était tel que j’ai ensuite dessiné une tête de lynx, puis de bélier.J’ai aussi fait une tête égyptienne.Dix ans plus tard, ces têtes se sont transformées en signes du zodiaque, en or et en argent, et j’ai même décliné les signes du zodiaque chinois en des objets de grande taille entièrement sculptés dans du cristal de roche.

CJ : Quelle a été votre création la plus complexe à réaliser ?

M-C de B : La mise au point d’une des créations que j’aime le plus : le bracelet à coulisses.

Le bracelet est ceint d’un anneau, voire de plusieurs, qui lorsqu’on le fait coulisser, révèle tout un pavage de pierres précieuses. Le bracelet peut se porter ouvert ou fermé, le pavage peut ainsi être visible ou caché, deux versions très différentes pour une même pièce. Les ateliers résolvaient habituellement seuls et rapidement les difficultés techniques que pouvait soulever la création d’un bijou. Pour ce modèle, je me suis vue opposer pour la première fois plusieurs refus. C’est finalement l’atelier Galtier qui a accepté de se lancer. Nous avons ensuite décliné ce « bijou à cachette » sous toutes les formes : colliers, boucles d’oreilles, clips, bagues … Je crois que c’est un des bijoux qui caractérise le mieux mon travail, et dont je continue à réaliser des modèles.

C J : Comment expliquez-vous que votre nom soit resté discret parmi les commentaires qui ont été faits sur les bijoux de la maison René Boivin ?

M-C de B : Je pense que cela tient tout d’abord au fait que je n’ai jamais cherché à me mettre en avant lorsque j’étais chez René Boivin. Je n’en éprouvais aucunement l’envie. Pas plus que de signer de mon propre nom. D’autre part, cela est peut-être dû à des raisons familiales qui m’ont contraintes à ne pas toujours travailler sur place.

Pendant une douzaine d’années, j’ai suivi mon mari en expatriation en Asie (Singapour, Indonésie et Corée), années qui étaient entre-coupées de retour à Paris. Je n’ai jamais cessé ma collaboration avec la maison Boivin, mais j’étais physiquement éloignée. Néanmoins, la confiance nouée avec l’équipe était telle que jamais je ne me suis sentie mise à l’écart. Deux amies dessinatrices m’ont successivement remplacée durant mes expatriations. J’envoyais une cinquantaine de dessins par an qui alimentaient les ateliers. Mes dessins m’étaient toujours payés avant même que l’enveloppe ne soit ouverte.

CJ : Que pensez-vous de la cote Boivin sur le marché ?

M-C de B : La cote Boivin s’est envolée ces dernières années pour atteindre des sommets. Les amateurs éclairés, lorsque ce ne sont pas les collectionneurs ou des professionnels, se ruent sur des bijoux René Boivin. J’avais pu le constater durant mes années chez Boivin, et je crois qu’il en a presque toujours été ainsi : les clients venaient acheter du « Boivin », un nom, et un esprit. L’engouement pour le bijou Boivin ne différencie pas les pièces géométriques des figuratives. Les créations des années les plus lointaines restent les plus prisées, mais je vois apparaître aujourd’hui dans les ventes de très nombreuses pièces que j’ai dessinées.

Importante bague jonc sertie d’un important saphir jaune ovale sur un tour de doigt en bois d’ébène. @Aguttes

C’est que les pièces issues de la maison Boivin ne relèvent pas des modes. Les bijoux sont caractéristiques de leurs époques respectives, mais ils n’en n’ont jamais suivi ni les courants artistiques (Art Nouveau, très peu l’Art Déco) ni les diktats. Nous étions très libres chez Boivin, et c’est ce qui a engendré cette intemporalité des créations. Un bijou Boivin est éternellement contemporain, il a du style, il a un style.

Voici quelques bijoux que j’ai dessinés qui vont passer en vente ce printemps 2017 :

  • Christie’s Genève « Magnificent jewels » 17 mai 2017 : le lot 90, un bracelet manchette souple en perles de culture, rubis et diamants, le lot 108, une paire de boucles d’oreilles « cordes » en or et argent et le lot 109, un jonc en or et bois d’ébène.
  • Christie’s Paris « Paris Jewels », 6 juin 2017 : le lot 80, un collier de sept rangs de perles de culture avec fermoir en or figurant deux lacets.
  • Pierre Bergé et associés « Bijoux et Orfèvrerie », 7 juin 2017 : le lot 91, un collier torque fait d’un fil d’or jaune avec en son centre un galet pavé de diamants de taille ancienne en serti grains, Et une paire de motifs d’oreilles assortis.

Ou encore cette bague déportée, une autre de mes signatures, passée chez

  • Aguttes, 16 mars 2017 : Bague asymétrique en or jaune sertie d’un saphir oval, 1980. Il s’agissait d’une bague offerte par Germaine Boivin à sa petite fille Brigitte Lantz (fille du fils de Germaine : Eric Simon Sonrel, et de sa belle-fille Sylvie). Marie-Caroline de Brosses a authentifié cette pièce avant la vente.

    Bague asymétrique en or jaune 18K (750) sertie d’un saphir ovale. Vers 1980. @Aguttes