Iris Apfel : les partis pris d’une excentrique

[section_title title= »Je préfère la camelote aux vrais bijoux »]

Autrefois, personnages royaux, femmes de la cour et courtisanes portaient des parures complètes ; les maharajas se paraient  richement  il y a un siècle encore, mais cette accumulation de bijoux et de richesse n’a plus cours aujourd’hui. Les femmes portent rarement plusieurs grosses pièces de joaillerie, même de fantaisie – on porte un, deux bijoux tout au plus : une bague cocktail, un grand sautoir ou des boucles d’oreilles. Iris, elle, se distingue par l’accumulation de strates de colliers, de bracelets, de broches, parfois à la limite du possible compte-tenu de sa frêle silhouette.

Iris avoue préférer les bijoux fantaisie à la haute-joaillerie : « Diamond necklaces don’t appeal to me at all », dit-elle (les colliers de diamants ne m’attirent pas du tout). Une pierre précieuse  fait exception : l’émeraude, pierre qu’Iris qualifie d’ « imparfaite » en raison des nombreux « jardins » qui la composent.

Elle trouve qu’il y a plus de bijoux intéressants dans la bijouterie fantaisie car les créateurs peuvent prendre des risques, risques qui sont moins souvent encourus par les maisons de joaillerie avec des pierres de forte valeur…  Ainsi, conclut-elle en faisant tinter ses bracelets en bakélite: « les pièces classiques qui dureront très longtemps, je trouve cela ennuyeux! » .

Ses bijoux de prédilection restent le plus souvent en pierres naturelles, ornementales ou organiques : ainsi l’ambre, le corail, l’ivoire, la nacre. Mais ce qu’Iris Apfel préfère, ce sont les gros galets de turquoises brutes parcourues de longues veines qu’elle porte en sautoir ou tour de cou.

 Lanvin, Courtesy of the Metropolitan Museum of Art
Lanvin, Courtesy of the Metropolitan Museum of Art

Rodin avait coutume de dire que ce qu’il y a de plus beau qu’une belle chose, c’est la ruine d’une belle chose : une sentence qu’Iris Apfel a fait sienne notamment pour expliquer son goût prononcé pour les bijoux « vintage ». Aussi, ce qui touche Iris, ce sont les bijoux qui ont une histoire et racontent une histoire : elle a réuni dans sa collection personnelle un très bel ensemble d’artefacts amérindiens.

Collier "dents de tigre"
Collection Iris Apfel, Collier « dents de tigre », Courtesy of the Metropolitan Museum of Art

Récemment, Iris Apfel déclarait à Nathan Heller dans une longue interview à Vogue ne plus acheter de vêtements (parfois quelques accessoires) mais rester acheteuse compulsive de bijoux : « The only thing I buy now is jewelry ». Les bijoux seuls ont ce pouvoir de transformer une tenue. Avec un vêtement élégant, Iris porte des colliers ethniques, des rangs de turquoises amérindiennes ou bien un collier composé de grosses boules de métal chinoises pour casser le côté trop apprêté. A l’inverse, lorsqu’elle porte un de ces jeans qu’elle affectionne, elle l’accessoirise de bijoux plus sophistiqués.

 

Icône de la mode, grande admiratrice des créateurs, Iris cultive aussi son franc-parler : elle ose critiquer l’uniformisation de la mode, le manque d’imagination de certains créateurs, la mauvaise qualité des coupes et des matériaux – mais aussi le conformisme des femmes qui arborent toute la même tenue… Il faut espérer qu’au-delà de son style et de ses goûts singuliers, les fortes leçons d’Iris sur la société et la mode soient entendues !