Dix trésors du patrimoine joaillier de l’Institut national de la propriété industrielle

Chasse au trésor ! les joyaux de l’Institut national de la propriété industrielle

Brevet d’invention n°27517 déposé le 30.04.1856 par Eugène-Simon MARTINEAU pour une application, à la bijouterie et aux divers objets de parure ou d’ornements, des moules de passementerie recouverts, à la mécanique ou à la main, de tissus en différents points, tels que points de Milan, points suivis, grappés, coquillés, satinés et autres (1BB27517, planche aquarellée, Archives INPI)

L’Institut national de la propriété industrielle en quelques mots ?

L’INPI assure la délivrance des brevets d’invention et l’enregistrement des marques et dessins & modèles en France et recèle des trésors encore méconnus : ses archives !

Héritier des institutions qui l’ont précédé depuis la fin du XVIIIème siècle, cet Institut est devenu la mémoire de l’innovation technique en France. Il conserve dans ses archives un riche patrimoine, constitué par l’intégralité des brevets d’invention déposés depuis 1791 mais aussi des marques de commerce et de fabrique depuis 1857 et des dessins et modèles depuis 1910.

Dans le même élan que celui reconnaissant la liberté de parole, de la presse ou de culte, la Révolution reconnaît à chaque citoyen le droit à inventer : la loi du 7 janvier 1791 relative aux découvertes utiles et aux moyens d’en assurer la propriété à leurs auteurs ouvre la voie aux inventeurs de tous horizons. Ainsi, tout au long du XIXème siècle, près de 410 000 brevets d’invention sont délivrés depuis la loi de 1791 jusqu’à sa révision en 1901.

Brevet d’invention n°58504 déposé le 06 mai 1863 par François LACOMBE pour une jarretière-bijou (1BB58504, planche aquarellée, archives INPI)

Qui sont les inventeurs venus enrichir les archives de l’INPI ?

Pendant plus d’une dizaine d’années, les archivistes de l’INPI ont classé, reconditionné, inventorié et numérisé, pour préserver et rendre accessible ce patrimoine dont on peut avoir aujourd’hui une vue d’ensemble. Et quelle n’a pas été leur surprise en découvrant, au fur et à mesure de ces travaux, que ces innovations ne sont pas seulement dues à de grands savants ou de prospères industriels tel qu’on peut l’imaginer dans ce siècle de Révolution Industrielle.

Brevet d’invention n°40667 déposé le 16 avril 1859 par la société POTALIER ET LECLERCQ pour un genre de bijou porte-bouquet, (1BB40667, photographie sur papier albuminé, archives INPI)

Quelle place occupe la joaillerie ?

Tous les domaines techniques, industriels bien sûr, mais aussi artistiques sont représentés. La joaillerie est particulièrement présente. On dénombre ainsi plus de cent trente termes différents pour désigner les professions touchant à la bijouterie, à la joaillerie et aux métiers affiliés. Depuis les joailliers ou les bijoutiers jusqu’aux professions plus spécialisées comme les ciseleurs, sertisseurs, tailleurs de cristaux ou encore fabricants de camées. Cette dernière population témoigne de la diversité des tâches à réaliser pour arriver à un produit fini et commercialisable. Elle témoigne également d’une activité à la fois empreinte d’artisanat et difficilement industrialisable.

Brevet d’invention n°72668 déposé le 24 août 1866 par Emile-Claude GASTELLIER pour un mode d’ornementation applicable notamment aux objets de parure, de bijouterie et de toilette (1BB72668, planches aquarellées, archives INPI)
Brevet d’invention n°72668 déposé le 24 août 1866 par Emile-Claude GASTELLIER pour un mode d’ornementation applicable notamment aux objets de parure, de bijouterie et de toilette (1BB72668, planches aquarellées, archives INPI)
Brevet d’invention n°72668 déposé le 24 août 1866 par Emile-Claude GASTELLIER pour un mode d’ornementation applicable notamment aux objets de parure, de bijouterie et de toilette (1BB72668, planches aquarellées, archives INPI)

Au sein de la joaillerie, quelles sont les tendances qui dominent ?

Toutes les spécialités participent à cette fièvre inventive, bouleversant parfois les codes et les modes pour créer les tendances de demain. Luxe et raffinement favorisent les innovations pour atteindre des perfections. Certains brevets concernent aussi bien les nouvelles créations, les techniques ou les procédés d’exécution que l’évolution de l’outillage servant à leur fabrication. D’autres traitent des matériaux, précieux et classiques, mais aussi de nouveaux alliages. Parmi les créations, on trouve des bijoux d’apparat mais également des bijoux en faux, des bijoux pour cheveux, des bijoux rubans, des bijoux de fêtes, de deuil, etc.


Brevet d’invention et de perfectionnement déposé le 18 août 1838 par Antoine-Joseph MORIZE, Antoine-Joseph et Louis-Jean-Baptiste VATARD pour un nouveau genre de bijou dit peigne parure à porte-ornement régulateur de la coiffure (1BA6958, planche aquarellée, archives INPI)
Brevet d’invention n°151418 déposé le 05 octobre 1882 par la société PAULY et LEFORT pour un nouveau genre de bijoux imitant la tapisserie (1BB151418, planche aquarellée, archives INPI)

Ces quelques exemples, ainsi que les différentes planches tirées des dossiers originaux, illustrent la richesse du fonds conservé par l’INPI. Complémentaires des brevets d’invention, les marques et les dessins & modèles ne sont pas en reste. Là encore, il est possible de retracer l’histoire et l’évolution de la créativité de grandes maisons comme Falize, Boucheron, Van Cleef & Arpels, Chaumet, etc. On y découvre également une foule d’artisans inconnus mais aussi des artistes fameux qui ont également protégé leurs créations, comme René Lalique (1860-1945).

Brevet d’invention n°199725 déposé le 22 juillet 1889 par René-Jules Lalique pour un genre de bijoux à fond de tulle, dentelle ou toile métalliques, tels que peignes, colliers, bracelets, papillons, broches, etc. (1BB199725, calque colorié, Archives INPI)
Dessin & Modèle déposé le 29 septembre 1949 par BOUCHERON pour un bijou dénommé « Mitaine » (1DA40031, photographie, archives INPI)

 

Les archives de l’INPI sont-elles des ressources pour les historiens ?

Témoignages des techniques et du savoir-faire de l’époque mais aussi des pratiques et des modes, ces nouvelles ressources sont un passage obligé pour qui veut retracer l’histoire de la bijouterie et de la joaillerie. Plus généralement, ce gisement, constitué par les activités de générations d’inventeurs, de créateurs, d’artistes ou d’industriels représente un potentiel scientifique et technique absolument unique en France et constitue une source permanente d’inspiration pour l’innovation d’aujourd’hui et de demain.

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